Avatar de Inconnu

A propos Paul Kersaudy

Pratique la photographie en amateur, le théâtre et aime jouer avec les mots ...

Un regard sur le monde

C’est en baie d’Audierne, face à l’océan, que je devais rencontrer Claude Bouvier.
Ancien professeur d’histoire de l’art, Claude est un artiste plasticien qui puise son inspiration dans le quotidien, puisque, sans relâche, depuis de nombreuses années, l’actualité du monde n’a de cesse de nourrir son imaginaire.


Un fait de société, une actualité politique, il réagit par un dessin, une peinture.
Artiste engagé, il fut l’une des chevilles ouvrière de l’Association Cap Accueil crée en 1989.

Durant une trentaine d’années, cette association, par son dynamisme, a animé les rives du Goyen et semé sur le territoire du Cap Sizun, une offre culturelle sans précédent.

C’est en 2001 que Claude Bouvier, entouré d’une équipe de plasticiens et de bénévoles, va créer « Art à la Pointe » qu’il animera dix ans durant en tant que directeur artistique.
Une cinquantaine de lieux d’expositions dans le Cap Sizun et en Finistère seront ainsi proposés gratuitement au public durant les périodes estivales.

Au cours des dix-huit années d’existence d’Art à la Pointe, 2000 dossiers d’artistes seront examinés. Plus de 200 artistes français et étrangers seront sélectionnés pour présenter leurs œuvres. Peintres, dessinateurs, sculpteurs, photographes, vidéastes ou performeurs dont de nombreux artistes de réputations internationales attireront un publique chaque année plus nombreux.

Totalisant sur la durée 700.000 entrées dont 80.000 personnes venues spécialement dans le Cap pour voir les expositions, Art à la Pointe reste à ce jour, une expérience artistique inégalée dans le Cap Sizun.

Afin de mieux connaître son travail, Claude m’a amicalement ouvert les portes de son atelier …


Escapade adriatique (5)

Le Monténégro

Nous débutons notre périple par la visite rapide, une fois de plus, de la ville de Budva (2) où notre guide anglophone, aura beaucoup de difficulté à prendre la parole face à la faconde de notre accompagnateur, plus préoccupé à terminer sa journée de travail. C’est donc au pas de course, sous une météo maussade que nous arpenterons la ville fortifiée dont les édifices portent encore les traces du dernier tremblement de terre de 1979. Après quelques rappels historiques sur la période de domination vénitienne, notre guide nous conduit à La bellerina, la légendaire danseuse de Budva qui, face à la mer, attend toujours le retour de son prince charmant …

Chronomètre en main, nous partons à présent pour la « perle » de l’Adriatique. Un petit îlot nommé Sveti-Stefan (3), ancien village de marins, vidé de ses habitants pour en faire une chaîne hôtelière de luxe. Au nombre de volets fermés il y de quoi se questionner sur l’intérêt d’une telle prison dorée. Nous devrons nous satisfaire d’une minute d’arrêt au belvédère surplombant le lieu, pour immortaliser l’instant. Un peu frustrant, la visite annoncée.

Des six républiques de l’ancienne Yougoslavie, le Monténégro est le plus petit territoire avec 13 000 km², pour une population de seulement 619000 habitants.
Séparé administrativement de la Serbie, il reste un pays bien à part car sa situation géographique en fait un des territoires de l’Adriatique les plus visités.
Le tourisme représentant une manne financière indéniable, le Monténégro semble bénéficier de grandes protections internationales au regard des investissements étrangers liés au tourisme et au commerce. Bien que n’appartenant pas à la zone euro, le pays en a adopté la devise, de façon unilatérale, permettant ainsi un certain flottement dans les tarifications appliquées aux touristes. Nous aurons l’occasion de le vérifier lorsque nous prendrons les transports en communs. Ici « business is business », et les prix des transports semblent se faire à la tête du client.


Néanmoins la région que nous visiterons a le mérite d’être remarquable. De notre hôtel (1) situé à l’entrée des bouches de Kotor, nous pourrons rayonner la deuxième semaine en pleine liberté, nous accommodant au mieux de la fantaisie des horaires des compagnies de transports.

Après avoir traversé le détroit de Verige entre Kamenari et Lepenane, en empruntant le ferry, nous ferons une halte à Tivat (2). L’ancienne base navale yougoslave, achetée par un milliardaire américain porte désormais le nom de Porto Montenegro. Haut lieu d’attraction touristique, il y concentre tous les codes de la jet set branchée.

De Tivat nous nous dirigerons vers Kotor (4), pour une excursion paisible dans les bouches de Cattaro.
Cet ensemble, composé de quatre baies que surplombent de hautes montagnes débouche sur la mer Adriatique. Les paysages sont sublimes et font penser aux fjords de Norvège.
Après avoir franchi l’étroit passage du détroit de Verige, nous ferons une courte halte sur la petite île artificielle Notre Dame du Récif (3), le temps d’en visiter l’église.

Kotor (4) avec ses murailles accrochées à la montagne est probablement une des villes du Montenegro les plus visitées. L’accessibilité de sa longue muraille est cependant conditionnée à un droit de passage … que le touriste découvrira après avoir fait plus de la moitié du chemin. Un homme assis sur une chaise vous allégera d’un droit de passage de 8€. Pratique courante y compris dans les églises.

Après Tivat et Kotor allons flâner du côté d’Herzeg Novi. La vieille ville est une station balnéaire où il est agréable de se promener. La végétation y est abondante. Au regard du nombre de villas fermées il est facile d’imaginer qu’en période estivale la fréquentation des lieux doit être moins paisible.
Comme dans beaucoup de villages visités, notre regard sera attiré pas des panneaux d’informations d’une nature particulière, devant lesquels s’attardent un instant les passants. Les portraits et nécrologies de personnes décédées y sont placardés par les familles endeuillées. Connu sous l’appellation de necrolog ce type d’affichage de rue, d’origine Bulgare, correspond aux avis de décès publiés dans nos journaux occidentaux. Il ne peut être vu que dans un petit nombre de pays européens, dont les Balkans.

Une halte à Perast (6) et un dernier passage au site archéologique de Risan (7) où l’on peut encore voir quelques mosaïques romaines, découvertes à la fin du XIXième siècle, clôtureront notre périple adriatique.

Assurément Hypnos, le dieu grec des rêves, a dû attiser en moi de nouveaux projets de découvertes. Les voyages ne s’arrêtant vraiment que lorsque les rêves sont épuisés, de retour au port, je prolongerai ma visite des Balkans par des lectures de Pierre Loti. Jeune officier de marine dans les années 1880. Ce dernier séjourna dans le Monténégro d’où il rapporta par ses écrits, de belles descriptions des paysages, et des portraits de la société qui font étrangement écho à la situation géopolitique du moment.

Escapade adriatique (4)

Direction le Monténégro

Dernière journée en Bosnie-Herzégovine avant notre future destination, le Monténégro, où nous resterons une semaine.

Longue journée de transition. Ce matin nous prenons la direction de Trebinje, ville de Bosnie-Herzégovine, située au sud-est de la république serbe de Bosnie. Difficile parfois, au regard des découpages de frontières, de comprendre la gestion multi-ethnique de la région.

L’indication des panneaux de circulation routière, écrits en plusieurs langues, attestent de la mixité identitaire des lieux.

Le commerce et les affaires se faisant avant tout sur les axes de passages touristiques, notre guide nous impose une halte obligée dans un complexe commercial de la localité de Caplijna, dédié à la vente de tapis. Cette longue visite nous laisse une fois de plus perplexe quant au caractère réel de la production locale des produits proposés. Si les articles sont à l’évidence de belle facture et de grande qualité, nulle preuve de leur fabrication locale.

Poursuivant notre route en direction du Monténégro, nous traversons une région plus aride et désertique. Une longue route sinueuse, où alternent paysages à l’aspect minéral et flancs de montagnes verdoyantes, boisées de longs conifères.

A travers les vitres de notre car, nous pourrons furtivement capturer quelques images insolites, comme les vestiges de ce cimetière bogomile dont l’origine bulgare remonterait au Xème siècle. Issu d’un mouvement dissident chrétien qui se serait propagé dans les Balkans, il n’est pas sans nous rappeler le passage des Cathares dans nos régions françaises. Une halte explicative aurait été appréciée par l’ensemble du groupe.

Cimetière Bogomile

Traversant quelques rares villages, nous passons par Stolac, ville serbe-bosniaque dont les stigmates de la guerre fratricide sont toujours visibles sur les pignons des immeubles.

Arrive enfin la ville de Trebinje où nous ferons une dernière halte avant de passer la frontière du Monténégro.
La cathédrale orthodoxe reconnaissable à la luxuriance de ses décors de marbres colorés tranche avec l’austérité de l’influence soviétique du mémorial de la seconde guerre mondiale.

Du poste frontière entre la Bosnie et le Monténégro (1), la longue attente administrative des contrôles de police nous permettra de contempler les sommets enneigés.

Un avant goût des nouveaux paysages que nous allons bientôt découvrir …