A propos Paul Kersaudy

Pratique la photographie en amateur, le théâtre et aime jouer avec les mots ...

Escapade adriatique (4)

Dernière journée en Bosnie-Herzégovine avant notre future destination, le Monténégro, où nous resterons une semaine.

Longue journée de transition. Ce matin nous prenons la direction de Trebinje, ville de Bosnie-Herzégovine, située au sud-est de la république serbe de Bosnie. Difficile parfois, au regard des découpages de frontières, de comprendre la gestion multi-ethnique de la région.

L’indication des panneaux de circulation routière, écrits en plusieurs langues, attestent de la mixité identitaire des lieux.

Le commerce et les affaires se faisant avant tout sur les axes de passages touristiques, notre guide nous impose une halte obligée dans un complexe commercial de la localité de Caplijna, dédié à la vente de tapis. Cette longue visite nous laisse une fois de plus perplexe quant au caractère réel de la production locale des produits proposés. Si les articles sont à l’évidence de belle facture et de grande qualité, nulle preuve de leur fabrication locale.

Poursuivant notre route en direction du Monténégro, nous traversons une région plus aride et désertique. Une longue route sinueuse, où alternent paysages à l’aspect minéral et flancs de montagnes verdoyantes, boisées de longs conifères.

A travers les vitres de notre car, nous pourrons furtivement capturer quelques images insolites, comme les vestiges de ce cimetière bogomile dont l’origine bulgare remonterait au Xème siècle. Issu d’un mouvement dissident chrétien qui se serait propagé dans les Balkans, il n’est pas sans nous rappeler le passage des Cathares dans nos régions françaises. Une halte explicative aurait été appréciée par l’ensemble du groupe.

Cimetière Bogomile

Traversant quelques rares villages, nous passons par Stolac, ville serbe-bosniaque dont les stigmates de la guerre fratricide sont toujours visibles sur les pignons des immeubles.

Arrive enfin la ville de Trebinje où nous ferons une dernière halte avant de passer la frontière du Monténégro.
La cathédrale orthodoxe reconnaissable à la luxuriance de ses décors de marbres colorés tranche avec l’austérité de l’influence soviétique du mémorial de la seconde guerre mondiale.

Du poste frontière entre la Bosnie et le Monténégro (1), la longue attente administrative des contrôles de police nous permettra de contempler les sommets enneigés.

Un avant goût des nouveaux paysages que nous allons bientôt découvrir …

Escapade adriatique (3)

Nous quittons l’hôtel BlueSun d’Agar (1) et la Croatie sous un ciel voilé. Le road-trip continue. Aujourd’hui, direction la frontière Bosnie-Herzégovine que nous passerons à Metkovic (2).

La route que nous empruntons est quasi déserte, peu ou très peu de circulation. On se demande où peut bien se trouver l’activité économique du pays. Nous longeons un temps la plaine fertile de la Neretva, le long de laquelle de rares villages sans vie semblent être hors du temps.

A mesure que nous approchons de la frontière bosniaque, quelques mosquées. Elles sont désertées nous dira notre guide. Il en sera de même avec les églises sur le territoire voisin. Témoignage non avoué des déplacements de populations qui marquèrent le conflit ethnique des années 1990.

La Bosnie, de confession majoritairement musulmane ne fait pas partie de l’Europe mais a un statut de pays candidat depuis 2022. Trois religions cohabitent, trois cultures différentes, trois modes de vies distinctes donc, comme nous pourrons le constater lors de nos prochains déplacements.

En milieu de matinée nous franchirons la frontière pour nous diriger vers le petit village de Pocitelji (3). Ancien caravansérail du temps de l’occupation ottomane, c’est un autre paysage qui se présente à nous. Perchées sur une colline, ses maisons aux toits de lauze et sa mosquée témoignent d’une identité musulmane certaine. Ici c’est la manne touristique qui fait vivre quelques dizaines d’âmes.

La mosquée est gardée par trois où quatre hommes, peu souriants, chargés de contrôler l’accès au bâtiment, moyennant un droit de passage. Usage fréquent dans ces régions aux économies mal encadrées.

Mais déjà les premières pluies s’invitent. Le temps de remonter dans le car, direction Mostar (4).

Ville martyre où s’affrontèrent Serbes, Croates et Bosniaques. C’est dans une ambiance surréaliste, sous une pluie battante que nous arpenterons les rues pavées de la vieille ville. Notre guide, à la voix slave et au timbre haut perché, stoïque sous la bourrasque aura bien du mal à capter l’attention du groupe, plus enclin à trouver refuge pour ne pas être noyé.

Une pluie d’orage, qui fort heureusement ne durera pas et nous laissera un peu de temps pour revenir sur le pont emblématique de la ville. Détruit par les Croates le 9 novembre 1993, ce pont, aujourd’hui reconstruit, reste cependant une frontière entre les différentes communautés qui jadis se sont tant déchirées.

Les stigmates des combats sont cependant encore visibles sur beaucoup de bâtiments d’habitations.

Nous quittons Mostar en début d’après midi pour la ville de Medugorje (5) où nous passerons la nuit sous haute protection divine. Ville pieuse catholique, à l’instar de Lourdes, elle est depuis les années 1980 un lieu de pèlerinage des Balkans où convergent chaque année plus de 2,5 millions de pèlerins, venant du monde entier. Cette enclave catholique, en territoire bosniaque, deviendra vite une ville nouvelle, terre promise sur laquelle ne manqueront pas de prospérer, avec la plus grande modernité les chaînes hôtelières du pays. L’église à l’architecture moderne ne semble jamais désemplir. En extérieur, une scène ouverte fait face à un parterre impressionnant de sièges pour l’instant vides. Des bâtiments annexes, parkings et chapiteaux géants témoignent de la démesure.

Plusieurs files impressionnantes de personnes attendent patiemment devant ce que l’on pourrait penser être des toilettes publiques. Les voyants rouges et verts des portes d’accès automatique indiquant que le lieu se trouve occupé ou libre… pensée surréaliste, vite effacée, lorsque l’on réalise qu’il s’agit en fait de confessionnaux. La curiosité ne nous a pas poussé à tester si le processus était, lui aussi, automatisé.

Prochaine étape, en route vers le Monténégro

Escapade adriatique (2)

Enclavée entre mer et montagne, la route côtière qui nous mène à Trogir puis à Split , deux villes distantes d’une trentaine de kilomètres, nous offre encore de splendides panoramas.

Trogir, est un petit îlot médiéval, relié à la terre ferme par deux ponts. Riche d’un passé historique, que saura nous synthétiser notre guide francophone. Cette cité de caractère fut fondée par les grecs au III ème siècle.

Comme en témoignent les ruelles pavées, patinées par des siècles d’histoire, nous traversons ici toutes les périodes d’influences, gréco-romaines puis vénitiennes. Sous les voûtes de l’ancien tribunal, nous assistons à un petit concert de chants polyphoniques donné par le quatuor « Dalmatian KLAPA », chants traditionnels et sacrés de la région Dalmatienne. Mélodie qui nous accompagnera tout au long de notre visite matinale avant de nous rendre à Split, deuxième ville la plus peuplée de Croatie.

Si la domination romaine s’affiche au grand jour avec le Palais de Dioclétien (294 à 305 après JC), Split subira au cours de son existence de nombreuses influences comme le révèlent les architectures de ses monuments. Faisant suite à la longue période vénitienne entre le XV ème et le XVIII ème siècle, la France y laissa également son empreinte. Une des principales artères de la ville porte en effet le nom du Maréchal Marmont, gouverneur de la ville durant la période Napoléonienne (1803-1813).

Pour nous ramener à la réalité du quotidien, flâner dans les ruelles de Split ou de Dubrovnik, c’est aussi rapporter des images caractéristiques de ces régions du monde où le soleil semble briller toute l’année. Avec le linge étendu aux fenêtres, se dégage un petit air des vieux quartiers de Naples, aux accents felliniens.

Notre journée se terminera par un rapide passage au petit port de Omis.Village paisible, loin des foules touristiques en cette période pascale où chaque square, chaque coin de rue possède le symbole du moment, finement décoré, car cette région des Balkans est aussi marquée par de grandes ferveurs religieuses, plus ou moins discrètes, orthodoxe, catholique ou musulmane, nous aurons l’occasion de le vérifier lors de nos prochains déplacements …

A chacun son paradis …

Et à bientôt pour la suite du voyage …