
Nous quittons l’hôtel BlueSun d’Agar (1) et la Croatie sous un ciel voilé. Le road-trip continue. Aujourd’hui, direction la frontière Bosnie-Herzégovine que nous passerons à Metkovic (2).
La route que nous empruntons est quasi déserte, peu ou très peu de circulation. On se demande où peut bien se trouver l’activité économique du pays. Nous longeons un temps la plaine fertile de la Neretva, le long de laquelle de rares villages sans vie semblent être hors du temps.
A mesure que nous approchons de la frontière bosniaque, quelques mosquées. Elles sont désertées nous dira notre guide. Il en sera de même avec les églises sur le territoire voisin. Témoignage non avoué des déplacements de populations qui marquèrent le conflit ethnique des années 1990.
La Bosnie, de confession majoritairement musulmane ne fait pas partie de l’Europe mais a un statut de pays candidat depuis 2022. Trois religions cohabitent, trois cultures différentes, trois modes de vies distinctes donc, comme nous pourrons le constater lors de nos prochains déplacements.
En milieu de matinée nous franchirons la frontière pour nous diriger vers le petit village de Pocitelji (3). Ancien caravansérail du temps de l’occupation ottomane, c’est un autre paysage qui se présente à nous. Perchées sur une colline, ses maisons aux toits de lauze et sa mosquée témoignent d’une identité musulmane certaine. Ici c’est la manne touristique qui fait vivre quelques dizaines d’âmes.
La mosquée est gardée par trois où quatre hommes, peu souriants, chargés de contrôler l’accès au bâtiment, moyennant un droit de passage. Usage fréquent dans ces régions aux économies mal encadrées.
Mais déjà les premières pluies s’invitent. Le temps de remonter dans le car, direction Mostar (4).
Ville martyre où s’affrontèrent Serbes, Croates et Bosniaques. C’est dans une ambiance surréaliste, sous une pluie battante que nous arpenterons les rues pavées de la vieille ville. Notre guide, à la voix slave et au timbre haut perché, stoïque sous la bourrasque aura bien du mal à capter l’attention du groupe, plus enclin à trouver refuge pour ne pas être noyé.
Une pluie d’orage, qui fort heureusement ne durera pas et nous laissera un peu de temps pour revenir sur le pont emblématique de la ville. Détruit par les Croates le 9 novembre 1993, ce pont, aujourd’hui reconstruit, reste cependant une frontière entre les différentes communautés qui jadis se sont tant déchirées.
Les stigmates des combats sont cependant encore visibles sur beaucoup de bâtiments d’habitations.
Nous quittons Mostar en début d’après midi pour la ville de Medugorje (5) où nous passerons la nuit sous haute protection divine. Ville pieuse catholique, à l’instar de Lourdes, elle est depuis les années 1980 un lieu de pèlerinage des Balkans où convergent chaque année plus de 2,5 millions de pèlerins, venant du monde entier. Cette enclave catholique, en territoire bosniaque, deviendra vite une ville nouvelle, terre promise sur laquelle ne manqueront pas de prospérer, avec la plus grande modernité les chaînes hôtelières du pays. L’église à l’architecture moderne ne semble jamais désemplir. En extérieur, une scène ouverte fait face à un parterre impressionnant de sièges pour l’instant vides. Des bâtiments annexes, parkings et chapiteaux géants témoignent de la démesure.
Plusieurs files impressionnantes de personnes attendent patiemment devant ce que l’on pourrait penser être des toilettes publiques. Les voyants rouges et verts des portes d’accès automatique indiquant que le lieu se trouve occupé ou libre… pensée surréaliste, vite effacée, lorsque l’on réalise qu’il s’agit en fait de confessionnaux. La curiosité ne nous a pas poussé à tester si le processus était, lui aussi, automatisé.
Prochaine étape, en route vers le Monténégro …