Couleurs du Maroc … (1)

S’il fallait résumer une atmosphère en trois mots ce seraient ceux-là : Senteurs, Couleurs et Résonances.

Mais restreindre le nombre d’images que l’on rapporte d’un voyage reste toujours un exercice difficile. Pourtant, à travers cette nouvelle page de blog et ce court périple à Marrakech je me suis une fois encore pris au jeu de la sélection suprême avec comme consigne supplémentaire que chaque image transmette à celui qui la regarde, les odeurs, les couleurs et les sonorités de l’endroit où elle fut prise. Alors prêt à l’exercice ?

La place Jemaa-el-Fna, incontournable symbole de Marrakech, est un théâtre permanent en plein air qui attire toujours autant les touristes occidentaux de passage. Foire du trône ou cour des miracles, ce lieu légendaire peut aussi être un vrai piège à touristes, même pour les plus aguerris.

Le soir venu, la place s’anime. Entre marchands du temple, arracheurs de dents et autres charmeurs de serpents, c’est dans un capharnaüm parfois surréaliste que l’insolite côtoie la dure réalité. Ici tout se négocie, même la prise d’une simple photographie.

Porte d’entrée des souks, où il fait bon se perdre dans les échoppes multicolores des artisans en tout genre. Entre étals de bouchers et marchands de babouches, le choix est large et varié. Le passage dans les souks n’est pas le meilleur endroit pour faire du shopping paisible car le flâneur, dont le regard est en permanence attiré par l’insolite, doit sans cesse modifier sa trajectoire. Souvent abordé, il lui faut esquiver les insistantes sollicitations tout en assouvissant son désir de curiosité. Se déplacer dans ces sinueuses allées étroites et se frayer un chemin dans un flux continu en évitant les mobylettes et autres attelages dignes d’une époque moyenâgeuse, reste un exercice compliqué.

Entrer dans un souk c’est entrer dans un labyrinthe où il n’est pas toujours désagréable de se perdre cependant … On y découvre de superbes « fondouks » inspirés des caravansérails, jadis lieux de passages des marchands ambulants, et qui abritent à présent une multitude d’artisans désormais sédentarisés.

Des ruelles étroites canaliseront mes pas jusqu’à la médersa Ben Youssef, univers des teinturiers et des tanneurs. Avec leur légendaire habileté verbale tel le joueur de flûte qui vous enivrera de paroles autant que des senteurs de cuir de ses babouches colorées, peu de chance d’échapper à un guide autoproclamé qui dirigera alors vos pas vers des lieux moins exotiques … Ici c’est le monde des tanneurs, avec ces immenses bacs en ciment dans lesquels macèrent sous le soleil, peaux de moutons, de chèvres ou de chameaux. Les fortes odeurs d’ammoniac, dérivé d’urines animales, finiront par vous déboucher les sinus… Le reste, je vous laisse l’imaginer, tout comme les contorsions verbales dont il faudra faire preuve pour s’extraire des griffes de nos guides successifs qui finissent toujours par vous faire passer par une case magasin. Garder son calme, flegme et humour sont les meilleures des attitudes pour ne pas finir au fond d’une cuve de fiente de pigeon !

Ayant réussi à survivre et à trouver enfin la sortie du labyrinthe nous nous laisserons à présent guider par les bruits. Entre les appels périodiques à la prière et les mélodies métalliques des marteaux résonnant sur l’enclume, tout ici est rythmé, cadencé. Ferronniers, dinandiers , céramistes, ébénistes, tanneurs, teinturiers, réparateurs en tous genres, ici la notion de temps semble être une valeur immuable et intimement liée à la notion même de la transmission des savoir-faire. Probablement que cette donnée, depuis longtemps éteinte dans nos sociétés d’abondance du « Toujours plus », devrait être plus présente à notre mémoire. J’aime ce monde de « manuels ». Je m’y identifie certainement parce que je mesure combien le plaisir de savoir travailler de ses mains, apporte non seulement satisfaction personnelle mais est garante d’indépendance. La richesse de l’artisanat dans ces sociétés anciennes, est dans le fait qu’elles ont su transmettre de générations en générations les gestes essentiels à leur indépendance. Les graves crises que traversent aujourd’hui les sociétés, qui se disent « modernes », sont révélatrices de leurs faiblesses.

La mécanique c’est du solide. Peu de chance de tomber en panne …


Rien à mes yeux ne peux mieux résumer ce pragmatisme que l’observation de ces tourneurs sur bois. Ici le moteur de la machine c’est encore la main de l’homme, et l’intelligence de la main est poussée à son paroxysme … la dextérité nous offre une symphonie à 4 mains.

A bientôt, pour la suite …

10 réflexions au sujet de « Couleurs du Maroc … (1) »

  1. belle balade à Marrakech ……
    j’ai beaucoup aimé aussi cette destination si dépaysante
    Bonne année Paulo ….

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