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A propos Paul Kersaudy

Pratique la photographie en amateur, le théâtre et aime jouer avec les mots ...

Escapade adriatique (3)

Bosnie-Herzégovine

Nous quittons l’hôtel BlueSun d’Agar (1) et la Croatie sous un ciel voilé. Le road-trip continue. Aujourd’hui, direction la frontière Bosnie-Herzégovine que nous passerons à Metkovic (2).

La route que nous empruntons est quasi déserte, peu ou très peu de circulation. On se demande où peut bien se trouver l’activité économique du pays. Nous longeons un temps la plaine fertile de la Neretva, le long de laquelle de rares villages sans vie semblent être hors du temps.

A mesure que nous approchons de la frontière bosniaque, quelques mosquées. Elles sont désertées nous dira notre guide. Il en sera de même avec les églises sur le territoire voisin. Témoignage non avoué des déplacements de populations qui marquèrent le conflit ethnique des années 1990.

La Bosnie, de confession majoritairement musulmane ne fait pas partie de l’Europe mais a un statut de pays candidat depuis 2022. Trois religions cohabitent, trois cultures différentes, trois modes de vies distinctes donc, comme nous pourrons le constater lors de nos prochains déplacements.

En milieu de matinée nous franchirons la frontière pour nous diriger vers le petit village de Pocitelji (3). Ancien caravansérail du temps de l’occupation ottomane, c’est un autre paysage qui se présente à nous. Perchées sur une colline, ses maisons aux toits de lauze et sa mosquée témoignent d’une identité musulmane certaine. Ici c’est la manne touristique qui fait vivre quelques dizaines d’âmes.

La mosquée est gardée par trois où quatre hommes, peu souriants, chargés de contrôler l’accès au bâtiment, moyennant un droit de passage. Usage fréquent dans ces régions aux économies mal encadrées.

Mais déjà les premières pluies s’invitent. Le temps de remonter dans le car, direction Mostar (4).

Ville martyre où s’affrontèrent Serbes, Croates et Bosniaques. C’est dans une ambiance surréaliste, sous une pluie battante que nous arpenterons les rues pavées de la vieille ville. Notre guide, à la voix slave et au timbre haut perché, stoïque sous la bourrasque aura bien du mal à capter l’attention du groupe, plus enclin à trouver refuge pour ne pas être noyé.

Une pluie d’orage, qui fort heureusement ne durera pas et nous laissera un peu de temps pour revenir sur le pont emblématique de la ville. Détruit par les Croates le 9 novembre 1993, ce pont, aujourd’hui reconstruit, reste cependant une frontière entre les différentes communautés qui jadis se sont tant déchirées.

Les stigmates des combats sont cependant encore visibles sur beaucoup de bâtiments d’habitations.

Nous quittons Mostar en début d’après midi pour la ville de Medugorje (5) où nous passerons la nuit sous haute protection divine. Ville pieuse catholique, à l’instar de Lourdes, elle est depuis les années 1980 un lieu de pèlerinage des Balkans où convergent chaque année plus de 2,5 millions de pèlerins, venant du monde entier. Cette enclave catholique, en territoire bosniaque, deviendra vite une ville nouvelle, terre promise sur laquelle ne manqueront pas de prospérer, avec la plus grande modernité les chaînes hôtelières du pays. L’église à l’architecture moderne ne semble jamais désemplir. En extérieur, une scène ouverte fait face à un parterre impressionnant de sièges pour l’instant vides. Des bâtiments annexes, parkings et chapiteaux géants témoignent de la démesure.

Plusieurs files impressionnantes de personnes attendent patiemment devant ce que l’on pourrait penser être des toilettes publiques. Les voyants rouges et verts des portes d’accès automatique indiquant que le lieu se trouve occupé ou libre… pensée surréaliste, vite effacée, lorsque l’on réalise qu’il s’agit en fait de confessionnaux. La curiosité ne nous a pas poussé à tester si le processus était, lui aussi, automatisé.

Prochaine étape, en route vers le Monténégro

Escapade adriatique (2)

Croatie

Enclavée entre mer et montagne, la route côtière qui nous mène à Trogir puis à Split , deux villes distantes d’une trentaine de kilomètres, nous offre encore de splendides panoramas.

Trogir, est un petit îlot médiéval, relié à la terre ferme par deux ponts. Riche d’un passé historique, que saura nous synthétiser notre guide francophone. Cette cité de caractère fut fondée par les grecs au III ème siècle.

Comme en témoignent les ruelles pavées, patinées par des siècles d’histoire, nous traversons ici toutes les périodes d’influences, gréco-romaines puis vénitiennes. Sous les voûtes de l’ancien tribunal, nous assistons à un petit concert de chants polyphoniques donné par le quatuor « Dalmatian KLAPA », chants traditionnels et sacrés de la région Dalmatienne. Mélodie qui nous accompagnera tout au long de notre visite matinale avant de nous rendre à Split, deuxième ville la plus peuplée de Croatie.

Si la domination romaine s’affiche au grand jour avec le Palais de Dioclétien (294 à 305 après JC), Split subira au cours de son existence de nombreuses influences comme le révèlent les architectures de ses monuments. Faisant suite à la longue période vénitienne entre le XV ème et le XVIII ème siècle, la France y laissa également son empreinte. Une des principales artères de la ville porte en effet le nom du Maréchal Marmont, gouverneur de la ville durant la période Napoléonienne (1803-1813).

Pour nous ramener à la réalité du quotidien, flâner dans les ruelles de Split ou de Dubrovnik, c’est aussi rapporter des images caractéristiques de ces régions du monde où le soleil semble briller toute l’année. Avec le linge étendu aux fenêtres, se dégage un petit air des vieux quartiers de Naples, aux accents felliniens.

Notre journée se terminera par un rapide passage au petit port de Omis.Village paisible, loin des foules touristiques en cette période pascale où chaque square, chaque coin de rue possède le symbole du moment, finement décoré, car cette région des Balkans est aussi marquée par de grandes ferveurs religieuses, plus ou moins discrètes, orthodoxe, catholique ou musulmane, nous aurons l’occasion de le vérifier lors de nos prochains déplacements …

A chacun son paradis …

Et à bientôt pour la suite du voyage …

Escapade adriatique (1)

Un tour dans les Balkans

Rapportant comme toujours de chaque voyage, un nombre incalculable d’images, le temps est venu, avec ces quelques nouvelles pages de blog, d’opérer une sélection drastique de photos et de coucher sur le papier un petit résumé de ce nouveau périple entre amis.
Agrémenté au mieux des émotions suscitées par les lieux visités, ce nouveau carnet de voyage est une invitation, à approfondir l’histoire des régions traversées et à défaut de ne pouvoir aujourd’hui tout comprendre, m’ouvrir pour les prochaines semaines de nouvelles perspectives de découvertes, qu’elles soient littéraires, artistiques ou de toute autre nature.

En ce sens, le rapide périple de 15 jours en Croatie , Bosnie-Herzégovine et Monténégro, au-delà des images chocs véhiculées par les noms de Dubrovnik, Mostar, Split nous ramenant au terrible conflit humain des années 1990, m’aura permis de visiter une région imparfaitement connue de moi sur le plan géographique et de percevoir combien la fragilité du vivre ensemble peut être une cruelle réalité lorsque les dogmes et les religions s’animent d’appétits belliqueux.

Les Balkans, bordés de la mer adriatique et de la mer ionienne ont toujours été des territoires de grandes migrations entre l’Asie et l’Ouest Européen. Un lieu d’échange, de commerce, d’influence avec l’empire Ottoman et donc de conflits comme nous aurons l’occasion de le voir à travers les différents déplacements et lieux que nous découvrirons.

La première semaine, sous la conduite de notre guide Mustafa, nous visiterons Dubrovnik, Ston, Split , Trogir, longeant la côte adriatique, puis traversant la région montagneuse des alpes Dinariques nous passerons la frontière entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine à Metkovic.
Puis, après une visite mouvementée de Mostar, nous prendrons la direction de Trebinje, suivie d’une halte surréaliste qui aurait enchanté Jacques Prévert, avant d’arriver dans le Monténégro où nous passerons une deuxième semaine, mais cela sera pour un peu plus tard, un futur billet.
Pour le moment débutons notre périple par notre arrivée à l’hôtel et une première nuit passée à quelques kilomètres de l’aéroport, dans la localité de Cavtat (Hôtel Albatros). Le cadre de notre séjour est déjà posé avec les paysages saisissants, entre mer et montagnes.

Après cette pause introductive, entrons dans le vif du sujet. Nous sommes le 12 avril 2023, direction Dubrovnik, Ston où nous déjeunerons, puis nous longerons la côte adriatique pour emprunter le pont de Peljesac (1) en direction de Alga Hotel Bluesun où nous passerons la nuit.

Dubrovnik, ville de Croatie, ancienne colonie grecque, puis romaine, fondée au milieu du VIIème siècle, considérée comme la « perle de l’Adriatique » fut tristement médiatisée durant la guerre fratricide qui suivit l’éclatement de l’ancienne Yougoslavie, une dizaine d’années après la mort de Tito. Les combats, menés par l’armée populaire de Yougoslavie et des volontaires paramilitaires Serbes et Monténégrins auront lieu du 1er octobre 91 au 26 mai 1992, date à laquelle la ville passera sous le contrôle Croate. (sources Wikipédia – Siège de Dubrovnik).

Nous déplorons une visite au pas de course, car l’endroit aurait mérité que l’on s’y attarde au moins une journée complète, voire deux. Le flux de touristes est impressionnant, on y parle toutes les langues et comme à Venise, autant que d’en d’autres régions du monde, Dubrovnik étant un port, les paquebots y font régulièrement escales, déversant au passage ses hordes de milliers de croisiéristes, comme nous, pressés par le temps.

Les stigmates des combats de cette période douloureuse sont encore présents dans les esprits de nos guides locaux, qui sans cesse nous renvoient à la réalité de nos périodes encore troublées. Comme sur ce panneau géant placardé à l’entrée de la vieille ville.

Direction à présent la petite ville de Ston où nous déjeunerons avec un lance-pierres. Cette cité fortifiée, protégée par une longue muraille, dont l’intérêt stratégique était dévolu à la protection des salines de la baie de Mali Ston, est considérée en Croatie, comme la muraille de Chine de l’Adriatique. On en est loin cependant. Quelques photos prises à la sauvette à travers les vitres du car me laissent le goût amer d’un passage bâclé. Cette région, vantée pour ses marais salants ne me laissera pas un souvenir particulièrement marquant si ce n’est ceux des sublimes paysages, enclavés entre mer et montagnes.

Suite au découpage de l’ex-Yougoslavie, il est parfois difficile de se situer géographiquement. En effet pour nous rendre à Split en partant de Ston, il nous faudra traverser la presqu’île de Peljesac afin d’éviter la ville de Neum située en Bosnie-Herzegovine.

Passées les vastes plaines de cultures maraichères, nous emprunterons le pont à hauban de Peljesac 2374 m (1). Il enjambe la baie de Mali Ston et nous permettra de poursuivre notre route le long de la côte adriatique d’où nous pourrons contempler plusieurs petits ports avant d’atteindre notre prochaine destination … mais cela sera pour le prochain billet.