Laissant la forêt de Fontainebleau derrière nous, nous prenons la direction du sud, faisant le choix de la N7. J’aurais probablement l’occasion de reparler de la N6 dans un futur billet car ce tronçon de route qui mène de Fontainebleau à Lyon possède lui aussi une histoire et un intérêt particulier.
Sur le bord de la route, des bornes aux couleurs américaines, rappellent en permanence un autre cheminement, celui des troupes alliées, à la libération de Paris.
Mais la longue ligne droite qui conduit à Nemours est aussi jalonnée de plusieurs ronds-points sur lesquels sont érigées plusieurs croix, autres rappels historiques du passage d’hommes où d’évènements célèbres comme cette rencontre de Napoléon 1er avec Pie VII, immortalisée au carrefour Saint Herem.
Sur le bas de coté de la route se trouve aussi une stèle en mémoire à Georges Mandel, homme politique assassiné le 7 juillet 1944.
Etrange endroit où très peu de personnes ne s’arrêtent car le mémorial est en bordure de N7, route très circulante et où aucun espace n’est prévu pour stationner. Il faut faire plusieurs centaines de mètres pour trouver une place afin d’y laisser la voiture en sécurité et se rendre à pieds au mémorial avec d’infinies précautions tant les accotements de la route sont peu praticables.
Il fait très chaud.
La route bordée de platanes, symboles permanents de la N7, laisse par endroits apparaitre des champs de maïs fraichement coupés.
La chaleur et la sècheresse sont si importantes que la formation de tubas donne à la traversée de la 7, un petit air de route 66.
A l’entrée de Saint Pierre-lès-Nemours, sur un pignon de maison, une fresque murale particulièrement bien entretenue retient mon attention. Il paraitrait que cette maison est l’objet de convoitises de la part des afficionados de la 7, car cette peinture murale reste l’une des plus anciennes réclames visible sur la Nationale 7.
La fresque représente « Napoléon, Louis Philippe et Marianne » ventant les mérites de la Saponite, cette poudre blanche entrant dans la composition de la célèbre lessive.
Humour quelque peu caustique du climat politique de l’époque auquel fut parait-il attaché le slogan : « Avec quoi va-t-on laver notre linge sale ? ».
De nos jours heureusement, grâce à la télévision, la lessive a fait des progrès.
Avec Les graines vivantes « Vita » nous abordons le domaine du jardinage.
Il est dommage que certaines publicités soient souillées par des tags, moins poétiques tant il est vrai que leurs auteurs manquent manifestement, de culture.
Puis nous traverserons le Loing , que je n’ai jamais vu d’aussi près …
Avant d’arriver à Souppes-sur-Loing un garage abandonné, témoin figé d’un passé révolu.
Bien évidement, la route était déjà, à cette époque, un espace idéal pour l’affichage des publicités destinées à séduire les automobilistes.
« Ca va seul » Produit d’entretiens Belges, pour faire briller les chaussures, les métaux, les carrosseries de voitures.
« Pikina » le vieil apéritif de chez nous et « Motul », lubrifiants américains, pour moteurs, cohabitent sur les murs délabrés.
Qui se souvient des marques de réfrigérateurs ou des premiers postes de télévision fonctionnant avec des lampes et jadis produits dans nos usines françaises ?
Un savoir faire depuis longtemps oublié et transféré dans d’autres régions du monde.
Se succèdent alors Dordives, avec sa vieille borne qui marque la limite entre la Seine-et-Marne et le Loiret. Puis la chapelle de Notre Dame-de-la-Route, avec ses rappels à la prudence et ses ex-voto, témoignages que la 7 est aussi associée aux drames de la route. On a quitté la Seine et Marne, nous sommes dans le Loiret.
Il reste encore à ce point de passage 900 km à parcourir. Les panneaux indicateurs se succèdent, tous différents et signant leurs époques, en métal ou béton émaillé, selon la période, art déco, art nouveaux…
La route était longue ces années là et il fallait bien s’arrêter pour se restaurer, se reposer. Aujourd’hui les auberges, comme les stations services ont fermé les unes après les autres laissant derrière elles le spectre poétique de leur âge d’or.
Fontenay-sur-Loing passé, nous traversons Montargis avant d’atteindre la superbe région de Briare, terme de notre nouvelle étape au camping du Martinet à la jonction des canaux de Briare, du Loing et d’Orléans.
Nous sommes à environ 150 km de Paris, le lieu nous semble paisible, alors faisons une pause.
A la semaine prochaine pour la suite du voyage …