Rencontre sur le GR34

Ce sentier de randonnée, pas comme les autres, trouva son origine après la révolution française, lorsque pour protéger les côtes bretonnes des contrebandiers et des déchargements illégaux de produits anglais, des tronçons de sentiers de douaniers furent organisés sur le pourtour des côtes bretonnes.

Dès 1968, sous l’impulsion d’Emile Orain, un groupe de jeunesse prit l’initiative de défricher une portion de l’un de ces sentiers sur la côte de Granit Rose, qui borde les Côtes d’Armor. Soixante années plus tard tous ces tronçons sont aujourd’hui reliés entre eux et balisés pour le plus grand plaisir des randonneurs qui peuvent ainsi, sur une distance de près de 2000 km, parcourir le littoral breton sur sa totalité, du Mont St-Michel à St Nazaire.

C’est à cette aventure peu ordinaire et sportive, que Jean-Luc Diquélou nous entraîne aujourd’hui à travers le film documentaire qu’il vient de réaliser sur le mythique
“Sentier des Douaniers Breton”.

   Caméra au point, parcourant à pieds durant plusieurs semaines ce territoire à forte identité, c’est du côté de la pointe du Raz qu’un beau jour de printemps 2019 j’ai croisé son chemin. Pour satisfaire ma curiosité, il accepta de poser un instant sac à terre et me parla de son projet. Le voyage se nourrit aussi d’agréables et belles rencontres.
Réalisateur de documentaires de voyages, membre de l’association « Aux 4 coins du monde » qui regroupe une quarantaine de réalisateurs professionnels sous le label « Le Cercle des Voyageurs », cet infatigable globe-trotter compte à son actif plusieurs reportages sur l’Écosse, l’Irlande, Londres et les Pyrénées, entre autres.
Originaire du sud Finistère, Jean-Luc travaillait sur ce reportage depuis 3 années. Trois ans, en effet, passés en repérages, en écriture de scénario, en préparation de rencontres, étapes indispensables au bon déroulement du tout projet.

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Après 3 mois passés à sillonner le GR34 dans sa totalité, Jean-Luc nous livre aujourd’hui, par son regard singulier, des images et des témoignages qui résonnent comme un hommage à sa terre natale, la Bretagne et ses habitants.
« 2000 km de sueur, dit-il, 2000 km de bonheur ! »
Rentrant d’une tournée de plusieurs semaines en Belgique, où il présenta son film, Jean-Luc reviendra dans le Finistère dans les tous prochains jours pour un cycle de conférences et de projections.

Dès à présent rendez-vous est pris
à Plouguerneau le 4 février 2020
à Roscoff le 6 février 2020
au Guivinec
le 15 février 2020
à Esquibien le dimanche 16 février
à Brest le 9 avril 2020

La programmation des salles où sera projeté le film,
ainsi que la bande annonce, sont consultables sur le site
“Le cercle des Voyageurs” 
www.le-cercle-des-voyageurs.fr

Assurément un bon moment de partage à ne pas manquer
et de belles images propices à nous transmettre l’envie de partir en randonnée.

Une balade à 80 … (3)

Nantes, ville où se confondent l’histoire de la Bretagne et celle de la France ne saurait se résumer à l’histoire d’une Anne mythique et d’une nation indivisible. Il y a tant de choses à voir dans cette métropole qui n’arrête pas de se métamorphoser qu’il serait imprudent de la résumer par un ou deux clichés.

Pourtant, je ne retiendrai aujourd’hui, de mon passage dans cette ville, que quelques images fortes pour illustrer la visite des deux lieux emblématiques que sont à Nantes, son Château des Ducs et son Mémorial de l’abolition de l’esclavage.
Autant que l’on puisse illustrer la “Conscience” par des images, c’est dans ces deux lieux symboliques que j’ai décidé d’arrêter aujourd’hui mon regard de photographe.

Le mémorial de l’abolition de l’esclavage
De même qu’il serait présomptueux de faire dans cette rubrique un exposé exhaustif sur l’esclavage, car ce lieu de mémoire est à la fois un projet politique et artistique destiné à éclairer notre réflexion sur un sujet qui hélas reste encore brûlant d’actualité.
Nantes fut, entre le 17ème et le 19ème siècle, le plus important port français, en nombre d’expéditions, à avoir organisé le commerce des esclaves et la traite négrière.
C’est sur les bords de Loire, à l’emplacement du quai de la Fosse, d’où partirent tant de navires pour des expéditions de traites négrières, que se trouve ce Mémorial. Un passage souterrain nous invite à un parcours méditatif.

Le long de cette esplanade sont répartis au sol 2000 plaques de verre sur lesquelles sont inscrits les noms de navires négriers et ceux des ports d’Amérique, d’Afrique et de l’Océan Indien, concernés par le commerce des esclaves.

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Faisant suite à la destruction d’une sculpture commémorative, l’édification de ce mémorial fut une courageuse entreprise décidée par la municipalité en 1998, soit 150 ans après l’abolition de l’esclavage.
Le mémorial de Nantes est le plus grand d’Europe et l’un des plus importants du monde.
Lors d’un précédent voyage en Louisiane, nous avions cherché à nous informer sur le sujet et avions été surpris de la discrétion avec laquelle ce passé historique était évoqué de l’autre côté de l’Atlantique. Nous avions cependant trouvé à Natchez les timides traces du second marché aux esclaves de Louisiane, après celui de la Nouvelle Orléans.
La démarche Nantaise est à saluer et le Mémorial autant que son site internet méritent d’être visités.

Conscience
La visite du château des Ducs permet également d’avoir un regard historique plus contemporain sur la ville de Nantes. Si l‘histoire du passé négrier de Nantes y est également richement documentée, l’évolution de la métropole est aussi largement commentée, et bien sûr à travers elle celle des luttes ouvrières, car Nantes est aussi une importante ville industrielle.
Un tableau particulier attire mon regard. C’est celui de Jules Granjouan (1875-1968). Syndicaliste anarchiste, converti à l’idéologie communiste après la première guerre mondiale. Jules Granjouan était un dessinateur et peintre nantais.
A travers ce tableau il dénonce les dures conditions de travail des ouvriers.

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Intitulé “Honte à celui qui ne se révolte pas contre l’injustice sociale”, le peintre joue sur les oppositions (noir&blanc et couleurs) afin de montrer les inégalités entre les riches (bourgeois et hommes politiques) et les pauvres.
La signature en forme d’épitaphe est significative de la personnalité du peintre :
 » A mes fils pour leur donner une conscience« .

Décidément, les relations maîtres-esclaves n’ont pas fini d’interroger nos consciences.
Ainsi se terminera notre balade nonchalante, à 80 km/h …

Une balade à 80 … (2)

Le Cadre Noir de Saumur

Rien de plus reposant qu’une matinée fraîche et ensoleillée pour une visite de la prestigieuse école d’équitation de Saumur où nous pourrons assister à une séance de travail des cavaliers et de leurs élégantes montures. Dans un manège intérieur nous serons admis à assister aux rituels des entraînements quotidiens, sous la conduite des instructeurs de l’école. Hélas nous ne serons pas autorisés à prendre des photos.

Cependant, en consolation, et tout en respectant la quiétude des animaux autant que le travail des personnels, les écuries et les terrains extérieurs seront autorisés à nos regards photographiques.
L’Ecole Nationale d’Equitation (ENE) est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité depuis 2011. En 1814 Louis XVIII créa, à Saumur, l’Ecole d’Instruction des Troupes à cheval. Cette école de cavalerie se transformera au fil des époques pour devenir au début du XXème siècle, avec l’introduction des compétitions équestres aux jeux olympiques, l’actuel Cadre Noir.  Ce corps de cavaliers d’élites, où se côtoient civils et militaires, est un centre de formation de renommée internationale. Il tient son nom aux tenues de couleurs noires de ses écuyers. Assurément un endroit paisible à visiter si vous passez près de Saumur.

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Une ferme troglodytique
Située près de Saumur, sur l’axe routier Loudun-Angers, le village de la Rochemenier est un site curieux, d’environ 250 salles souterraines réparties sur une quarantaine de fermes.

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Creusées dans une roche calcaire (falun), les habitations, dont les plus anciennes remonteraient au XIIIème siècle, furent encore en activité jusqu’au début du 20ème siècle. Désormais accessibles à la visite depuis les années 1970, c’est avec un circuit d’une vingtaine de salles, dont certaines sont scénarisées, que nous pourrons découvrir la vie paysanne autant qu’appréhender l’histoire géologique des lieux comme en attestent les nombreux fossiles découverts lors des différentes phases d’excavations.
Autres aspects du patrimoine troglodytique, les champignonnières et les caves bien entendu, et tant qu’à être en Val de Loire, une dégustation de Saumur Champigny ne se refusera pas.

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Richelieu
Un nouveau type d’urbanisme à présent. Nous quittons la région de Saumur pour les portes de la Touraine.
Si je m’étais intéressé à Richelieu en faisant quelques recherches sur le fameux Cuirassé éponyme de la seconde guerre mondiale, et pour la simple raison que Richelieu (1585-1642) fut à l’origine de la création de l’Arsenal naval de la ville de Brest, j’avais voulu en savoir un peu plus sur cette ville de Touraine qui porte également son nom.
J’avoue que ma curiosité à découvrir cette ville m’apportera un éclairage nouveau sur le personnage Armand Jean du Plessis, devenu Cardinal et Ministre.
Edifiée entre 1631 et 1642 sous la gouverne de Richelieu, cette ville aux tracés caractéristiques de la « cité idéale », est le parfait exemple d’un urbanisme d’avant-garde pour le XVIIème siècle. Curieuse idée, me direz vous que de se lancer dans un tel projet dans une région particulièrement désertique et dépourvue de tout intérêt stratégique. La réponse est peut-être dans le fait que c’est sur les terres du château familial des « du Plessis » que le Cardinal de Louis XIII eut la faveur du roi pour construire cette cité en remerciement de ses nombreux services. Probablement aussi pour assouvir sa soif de puissance.

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Préfigurant le modèle des cités privatisées contemporaines où la « haute société » fuit la mixité sociale, il est probable qu’à l’époque, les portes d’enceinte de cette « ville nouvelle » ne pouvaient être franchies que par une clientèle triée sur le volet.
Comme en atteste la Grande Rue, artère principale bordée d’hôtels particuliers dont les terrains à bâtir furent réservés à des notables, cette cité concentra dans ses murs tous ceux que la nation dirigeante du pays posséda d’hommes politiques de pouvoirs et d’influences.

Dans le prochain billet, fin de la balade par Nantes,
et un regard plus commémoratif.