Une balade à 80 … (3)

Nantes, ville où se confondent l’histoire de la Bretagne et celle de la France ne saurait se résumer à l’histoire d’une Anne mythique et d’une nation indivisible. Il y a tant de choses à voir dans cette métropole qui n’arrête pas de se métamorphoser qu’il serait imprudent de la résumer par un ou deux clichés.

Pourtant, je ne retiendrai aujourd’hui, de mon passage dans cette ville, que quelques images fortes pour illustrer la visite des deux lieux emblématiques que sont à Nantes, son Château des Ducs et son Mémorial de l’abolition de l’esclavage.
Autant que l’on puisse illustrer la “Conscience” par des images, c’est dans ces deux lieux symboliques que j’ai décidé d’arrêter aujourd’hui mon regard de photographe.

Le mémorial de l’abolition de l’esclavage
De même qu’il serait présomptueux de faire dans cette rubrique un exposé exhaustif sur l’esclavage, car ce lieu de mémoire est à la fois un projet politique et artistique destiné à éclairer notre réflexion sur un sujet qui hélas reste encore brûlant d’actualité.
Nantes fut, entre le 17ème et le 19ème siècle, le plus important port français, en nombre d’expéditions, à avoir organisé le commerce des esclaves et la traite négrière.
C’est sur les bords de Loire, à l’emplacement du quai de la Fosse, d’où partirent tant de navires pour des expéditions de traites négrières, que se trouve ce Mémorial. Un passage souterrain nous invite à un parcours méditatif.

Le long de cette esplanade sont répartis au sol 2000 plaques de verre sur lesquelles sont inscrits les noms de navires négriers et ceux des ports d’Amérique, d’Afrique et de l’Océan Indien, concernés par le commerce des esclaves.

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Faisant suite à la destruction d’une sculpture commémorative, l’édification de ce mémorial fut une courageuse entreprise décidée par la municipalité en 1998, soit 150 ans après l’abolition de l’esclavage.
Le mémorial de Nantes est le plus grand d’Europe et l’un des plus importants du monde.
Lors d’un précédent voyage en Louisiane, nous avions cherché à nous informer sur le sujet et avions été surpris de la discrétion avec laquelle ce passé historique était évoqué de l’autre côté de l’Atlantique. Nous avions cependant trouvé à Natchez les timides traces du second marché aux esclaves de Louisiane, après celui de la Nouvelle Orléans.
La démarche Nantaise est à saluer et le Mémorial autant que son site internet méritent d’être visités.

Conscience
La visite du château des Ducs permet également d’avoir un regard historique plus contemporain sur la ville de Nantes. Si l‘histoire du passé négrier de Nantes y est également richement documentée, l’évolution de la métropole est aussi largement commentée, et bien sûr à travers elle celle des luttes ouvrières, car Nantes est aussi une importante ville industrielle.
Un tableau particulier attire mon regard. C’est celui de Jules Granjouan (1875-1968). Syndicaliste anarchiste, converti à l’idéologie communiste après la première guerre mondiale. Jules Granjouan était un dessinateur et peintre nantais.
A travers ce tableau il dénonce les dures conditions de travail des ouvriers.

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Intitulé “Honte à celui qui ne se révolte pas contre l’injustice sociale”, le peintre joue sur les oppositions (noir&blanc et couleurs) afin de montrer les inégalités entre les riches (bourgeois et hommes politiques) et les pauvres.
La signature en forme d’épitaphe est significative de la personnalité du peintre :
 » A mes fils pour leur donner une conscience« .

Décidément, les relations maîtres-esclaves n’ont pas fini d’interroger nos consciences.
Ainsi se terminera notre balade nonchalante, à 80 km/h …