Eloge de la main

En prenant cette photo, il y a plusieurs années, sur le quai du port d’Audierne, je pressentais déjà qu’un monde de traditions maritimes était en train de disparaître.
Au delà d’immortaliser les gestes disparus des ramendeurs de filets, cette image ramenait à mon esprit les scènes de rues et odeurs de mon enfance et en particulier cette journée d’automne où un vieil oncle Audiernais, me confiant un moule en bois et une navette en os, m’avait appris à réaliser mes premières mailles de filets, en attachant le précieux fil à l’espagnolette de la fenêtre de sa cuisine.

Les années passèrent. Désormais plus de ramendeurs sur les quais, plus de thoniers au port plus de mauritaniens non plus. Ainsi va le monde de la pêche, sans nostalgie cependant, c’est parait-il ce que l’on appelle le processus logique de la modernité.

Il y a quelques mois, j’allais me promener du côté de l’île de Sein, et, surprise, mon chemin devait à nouveau croiser un autre marin occupé lui aussi à œuvrer sur un filet.

Il s’en suit une courte discussion sur mes intentions de capturer l’instant et d’obtenir l’acceptation de « pêcher » une nouvelle image pour le simple plaisir d’immortaliser le geste et le bonheur de pouvoir encore être en mesure de le partager.
Merci à eux d’entretenir cette mémoire.