“Sans le boulanger, aurais-tu du pain ?”
Je me remémore souvent cette maxime qu’inlassablement me rappelait mon père, lorsque jouant avec mes automates, je lui prédisais un avenir meilleur, dans lequel l’Homme pourrait un jour tout faire sans l’aide de ses mains. Car enfant, regardant souvent les siennes, devenues noueuses par les affres du temps, j’en devinais la souffrance autant que j’en admirais la richesse, au regard de leurs productions.
Manuel, oui c’était pour lui comme pour beaucoup d’ouvriers de sa génération, une fierté, un crédo, une raison de croire en un avenir meilleur, incarné par le seul fruit du labeur et de la transpiration.
L’intelligence artificielle, avec ses ordinateurs et ses robots, remplacera-t-elle un jour le bon sens qui semble parfois faire défaut à ceux qui pensent pouvoir tout automatiser ?
L’homo-sapiens moderne deviendra-t-il un jour amnésique de son passé, au point d’oublier les gestes ancestraux et que sa main aussi, peut être dotée d’une belle intelligence ?
Lisant dernièrement un texte court de Henri Focillon intitulé “Eloge de la main”, admirable réflexion sur les pouvoirs de la main, j’ai ressorti des méandres de mes archives photographiques quelques images posthumes d’une époque fraternelle où les hommes et les femmes de ce bas monde s’entraidaient, en s’échangeant tour à tour quelques beaux “tours de mains”, qu’aucune machine ne saurait remplacer.
Le texte de Focillon est une merveille. À lire également : « Ce que sait la main », du philosophe Richard Sennett.
Merci pour l’échange et le conseil de lecture .