Je terminerai cette petite “triangulation ilienne” par un hommage aux valeureux sauveteurs en mer, indispensables Saint-Bernard pour les marins du monde.
Pour illustrer ce dernier dicton : “Qui voit Sein voit sa fin”, je me dois de retourner un instant sur ces paysages de Sein qui illustrent à la fois le balisage des passages maritimes à ses abords, son système de veille, indissociable lui aussi du passé prestigieux des gardiens de phare et de mettre en lumière à travers quelques photos nouvelles, les stigmates de naufrages que le temps n’arrive pas à effacer de nos regards trop souvent indifférents. Derrière chaque fortune de mer se cache un invisible drame.
La station de sauvetage de Sein
Il fallut attendre la fin des années 1866 pour que l’ile de Sein se dote de son premier canot de sauvetage. C’était au temps de la rame et de la voile.
Comme dans les stations d’Audierne ou de Penmarch les premiers canots avaient une bien singulière allure.
Les équipages, tous bénévoles comme ceux aujourd’hui, devaient s’armer de courage pour affronter les caprices de la mer.
Ici sur cette photo, mon grand-père (deuxième à partir de la droite de la photo) pose pour la postérité. Il s’agit de l’équipage du canot de sauvetage d’Audierne, Général Beziat, dans les années 1930, mais la vie des canotiers de Sein, de Penmarch et de bien d’autres stations de l’époque était identique, leurs quotidiens communs.
En arrivant à Sein, je découvre le tout dernier canot de sauvetage dont vient de s’équiper la station de sauvetage. Premier exemplaire d’une série de canots de sauvetage de toute nouvelle génération le SNSM 001 qui vient en remplacement de « La ville de Paris » en partance pour une retraite bien méritée ou une migration vers d’autres horizons plus cléments. Jos Fouquet, intarissable sur le sujet me fera part de quelques anecdotes maritimes dont il a le secret, je reviendrai sur cette rencontre à la fin de l’article pour en reparler.
Un cargo nommé Helene
Les stigmates des naufrages sont encore visibles sur les rivages de l’île.
Ici, les restes des entrailles éventrées du cargo Danois le Helene intriguent toujours les touristes.
Le Helene s’échoua sur les côtes de Sein en décembre 1929. Si le cargo fut démantelé après la deuxième guerre mondiale, quelques vestiges subsistent encore, résistant aux assauts des vagues et à l’érosion du temps, pour le plaisir des photographes.
L’hélice à quatre pales du navire est également visite près du restaurant Armen sur la route du phare. L’homme est friand de fortunes de mer qui pour l’occasion se transforment en éléments de décoration.
Quand la couleur illumine le paysage
Retrouver les paysages et l’atmosphère ancestrale de l’île est toujours pour moi, un plaisir inlassablement renouvelé et il suffit parfois de changer de point de vue, pour saisir une nouvelle image, un nouveau regard.
La luminosité change sans cesse en fonction de l’heure. Tantôt voilé, tantôt bleu, le ciel impose au décor son ambiance particulière parfois éloignée du réel car l’image enregistrée par le boitier n’est pas celle que l’œil humain perçoit.
S’il est toujours tentant de sublimer les images, j’ai toujours préféré me laisser surprendre par l’harmonie naturelle que restitue mon appareil photo.
Même si mes photos ne sont pas toujours « bio », j’essaie de ne pas les « massacrer » à coup d’effets pompeux irréalistes, de superpositions improbables, ce que hélas les nouvelles technologies permettent actuellement trop facilement, dénaturant ainsi cette perception du réel tant appréciée des photographes formés à l’école de « l’argentique ».
Indications essentielles à la navigation maritime, pour entrer et sortir des ports sans encombre, les balises restent les éléments incontournables de la sécurité maritime.
(A gauche en vert Ar Guernic, à droite en rouge Cornoc ar Vas Nevez)
De belles rencontres
Tout d’abord merci à Dominique Spinec pour son accueil en tant que propriétaire de chambres d’hôtes dans cet agréable lieu nommé « Baradozic« , ce qui en breton veut dire Petit Paradis. Une adresse à retenir pour celles et ceux qui désirent passer un agréable séjour à la découverte de l’île.
Merci également à Jos Fouquet qui m’a longuement parlé avec enthousiasme des phares aux abords de Sein dont aucun ne semble avoir de secrets pour lui, pas plus que de la connaissance de la station de sauvetage de l’Ile dont il vient d’en dresser l’histoire dans son dernier ouvrage « L’île de Sein et sa station de sauvetage de 1866 à nos jours« .
Un excellent document à recommander à tous les lecteurs de cette page de blog que la curiosité poussera à en savoir un peu plus sur la vie et l’histoire des sauveteurs en mer.
Pour montrer que l’ile de Sein n’est pas aussi plate que certains le prétendent, voici le dernier sommet du vieux continent que de bien intrépides alpinistes étaient venus escalader avant peut-être celui de la chaine des Appalaches d’Amérique, un peu plus à l’ouest…
Enfin, venir à Sein sans y passer une nuit serait se priver d’un spectacle inoubliable.
Un coucher de soleil à l’horizon, en direction d’Armen, seul phare capable à mes yeux de réunir l’espace d’un court instant, l’image d’un enfer et celui d’un paradis.

Le 14 mai 2016. Coucher de soleil sur les rochers proches de l’Armen où les oiseaux viennent se cacher, avant de s’endormir.
A bientôt pour un nouvel article, sur une toute autre destination.