Octobre

Brunes couleurs d’automne
Aux fruits amers d’Octobre
Feuilles mortes pour linceuls
Ô innocentes victimes
Des vanités de l’homme
Ou de ses ignorances
Chassons vite ce brun
De nos mémoires meurtries
Pour retrouver enfin,
Le chemin du silence

La liberté d’un pré vert
Et le doux parfum
De sa poésie

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« Les Feuilles Mortes », Octobre, la privation des Libertés, autant de thématiques chères à Jacques Prévert, qui m’ont conduit, ce jeudi 29 octobre 2020, à faire une dernière balade en forêt, avant de me confiner avec quelques lectures inspirantes …

La crosse en l’air !

Hasard du calendrier ou inspiration pentecôtiste, l’ami Jacques Prévert s’invite aujourd’hui à ma table d’écriture.
Contemplant les rosiers de mon modeste jardin, mes pensées vagabondes me ramènent quelques années en arrière dans les salons feutrés d’un estaminet cherbourgeois où, pour mon plus grand plaisir, des amis comédiens m’avaient donné rendez-vous, le temps d’un spectacle de théâtre à la mémoire du poète disparu.

Quittant les rives paisibles d’une Penfeld embrasée de soleil, j’avais décidé, le temps d’un week-end à rallonge, d’aller à la rencontre de celui que les enfants aiment à appeler l’ami Jacques et que les hommes à l’esprit libre connaissent mieux sous le nom de Prévert.
C’est ainsi, qu’un matin brumeux, je devais arriver à la pointe du Cotentin et faire une halte dans le petit cimetière d’Omonville-La-Petite pour y déposer quelques touches colorées. Petit instant de recueillement aux accents surréalistes qui n’auraient probablement pas déplus à l’intrépide jongleur de mots, au tempérament parfois rebelle.
Un verre de rouge à la main, en compagnie de “Filles de la pluie” nous avons déclamé quelques uns de ses vers à la santé d’un monde qui n’était pas encore affecté par l’insolite pandémie de virus que nous connaissons aujourd’hui.
La convivialité de l’acte symbolique aidant je devais pousser cette proximité naissante avec le poète en me rendant à sa demeure, désormais transformée en petit musée. Cette troménie païenne ne pouvait cependant s’achever sans pousser la curiosité jusqu’aux portes de son jardin secret, situé à quelques encablures de sa petite maison.
Comme tout jardin secret, il arrive parfois que celui-ci soit fermé au public, respectant à la lettre la pause dominicale. Il se présente comme un espace bien clos, mais suffisamment bien grillagé pour que nous puissions paisiblement  l’admirer. Planté d’arbres, de fleurs et d’arbustes aux essences variées, offerts par ses nombreux amis intimes, venus le visiter, Prévert le facétieux, fidèle à son image, y avait semé à l’attention de ses futurs admirateurs anonymes, quelques messages poétiques dont il avait le secret, probablement pour que ces derniers y prennent un peu de graine.

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C’est à l’âge de 70 ans que Jacques Prévert vint s’installer dans cet autre bout du monde qui ressemble tant au mien. Fuyant les turbulences des hommes trop pressés de vieillir, l’homme qui détestait tant la guerre finira ses jours en 1977, à quelques kilomètres des plages du débarquement, près de son ami complice Alexandre Trauner, décorateur de cinéma et de la maison de Jean-François Millet, bercé par l’Angelus.

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A la veille de la date anniversaire du 6 juin, qui cette année aura des allures bien surréalistes et en ces périodes troublées d’un monde qui tourne de moins en moins rond, j’ai aujourd’hui besoin de poésie.
Alors, aux esprits chagrins qui seraient tenter de me dire que : “Prévert c’est du ringard”, je me mets à rêver d’une réplique qu’aurait pu avoir le parolier célèbre en regardant le monde en marche : “T’as d’beaux yeux tu sais, mais de nos jours les Précieuses n’ont jamais été aussi ridicules ».