« Soir de Marrakech » (3)

Du « Jardin secret » au « Musée du parfum », il n’y a qu’un pas qu’il est agréable de franchir.
Ici ce sont les sens olfactifs qui seront mis en éveil. Mais à l’inverse du quartier des tanneurs, les fragrances orientales préparent le visiteur à un bien agréable voyage.

La visite commence au premier étage d’un riad discret du nord de la médina.

Passant d’une alcôve à une autre, le visiteur est invité à reconnaître les 7 parfums du Maroc, senteurs d’épices, d’encens et d’essences aromatiques répondant aux doux noms de jasmin, rose, fleur d’oranger, menthe, cannelle ou patchouli. Suspendus dans des encensoirs savamment disposés, de subtiles odeurs s’y échappent, attisant la curiosité autant que l’addiction à vouloir en sentir encore d’autres.

Passé ce voyage initiatique, le rez-de-chaussée propose à présent au visiteur d’exercer ses talents de « nez » en passant par le « bar à parfums » où, accompagné d’une charmante hôtesse chacun pourra découvrir les subtilités cachées des extraits naturels de bases qui servent à la composition des plus grands parfums aujourd’hui commercialisés.

Avant de s’évaporer dans la nature, avec un regret non dissimulé de ne pouvoir emporter avec soi les arômes éphémères, une petite visite s’impose dans le petit boudoir en forme d’alcôve dont seul l’orient a le secret.

On y trouve exposée une collection de parfums célèbres produits par les plus grands parfumeurs du monde dont le «Soir de Marrakech » d’Abderrazzak Benchaâbane qui collabora un temps avec Yves Saint-Laurent et pour qui il créa le parfum «Jardin de Majorelle ».

Une bonne introduction pour nous rendre à présent, un peu plus à l’est, dans la fameuse Villa Bleue, mais cela, ce sera dans le prochain billet …

Marrakech, art et histoire (2)

Marrakech ne se résume pas à la place Jemaa el-Fna et à ses souks aux senteurs exotiques.

C’est aussi une ville chargée d’histoire, carrefour de riches influences architecturales qui font que derrière les fortes traditions d’un pays arabo-musulman se cache une mégapole ouverte sur l’art, la culture et la modernité.

Pays de contrastes où le Moyen-Age côtoie les hautes technologies, Marrakech saura séduire le voyageur avide de curiosités.

Flâner dans la médina c’est aller à la rencontre des riads, habitations jadis traditionnelles transformées en hôtels particuliers qui laissent entrevoir, à défaut de ne pouvoir les visiter, des architectures propices à faire de sympathiques photos. Les portes de ces demeures attirent les regards autant qu’elles attisent la curiosité.

Sortir de la médina par le sud en empruntant ses ruelles étroites pour se diriger vers la place des Ferblantiers permet d’accéder rapidement au Palais de la Bahia, chef d’œuvre de l’art marocain, « Bahia » signifierait « joli » ou « merveilleux ».
Que de marbres sculptés ! Ils proviendraient, parait-il, d’échanges commerciaux avec l’Italie. Construit dans les années 1880, pour le grand vizir Ba Ahmed, ce palais dont les jardins s’étendent sur une dizaine d’hectares, aurait été, un temps, la résidence du Maréchal Lyautey. Un parcours agréable, parsemé de cours intérieures richement décorées et colorées, de jardins encore fleuris en cette saison hivernale, mais que de monde !

A quelques encablures, les tombeaux saadiens. Ce jardin cimetière, qui fait partie de la mosquée El-Mansour a été récupéré au XVIè siècle par les Saadiens.
Composé de 3 coupoles dans lesquelles reposent toute l’histoire d’une dynastie aux destinées tragiques, faite d’assassinats résultant de luttes fratricides, la salle principale de la première coupole, appelée salle des 12 colonnes en marbre de Carrare richement ornementée, ne peut être accessible qu’au prix d’une grande patience. En effet, une queue interminable permet d’accéder à l’unique ouverture, où nous le visiteur n’était autoriser de s’attarder que quelques secondes, sans pouvoir pénétrer dans la salle… juste le temps de prendre une ou deux photos. Visite frustrante car j’y étais déjà venu il y a de cela plusieurs années, sans subir ces contraintes.

Si l’art traditionnel est présent dans de nombreux palais, édifices religieux ou culturels, Marrakech est également une ville ouverte sur le monde et la modernité. L’Art contemporain s’affiche un peu partout et les galeries d’art foisonnent de propositions tout comme le street art présent également sur de nombreuses façades d’immeubles.

Au nord de la médina se trouve un petit havre de paix, bien caché dans l’un des riads les plus discrets de la médina. C’est le Jardin Secret. Ce vaste jardin exotique dont la caractéristique principale réside dans son système d’irrigation, fut abandonné à la mort de son dernier occupant en 1934. Restauré dans les années 2000 suivant les normes de l’architecture islamique de l’époque, il est agréable d’y flâner et de profiter de sa terrasse pour, le soir venu, venir y prendre un bon jus d’orange en contemplant la ville. Paradis des influenceuses qui, à coup de selfies frénétiques, posent dans les jardins pour immortaliser leur passage.

La suite dans un prochain billet …