Faisant écho au poème d‘Arthur Rimbaud, la présence du trois mâts russe Shtandart au mouillage devant le port Tudy de Groix, me ramène à l’image du petit bistrot du village de Locmaria, que j’avais jadis visité, à deux pas des vestiges de la tombe Viking de Groix.
Symbole des conquêtes guerrières, comme aux temps des vikings, cette réplique d’une frégate russe du XVIII siècle est aujourd’hui mise au ban des nations européennes depuis le conflit russo-ukrainien.
Naviguant de port en port, sans pouvoir accoster, sa présence ici symbolise l’errance du voyage et la liberté que la mer apporte aux hommes et aux poètes assoiffés de conquêtes ou d’horizons lointains.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes,
Et je restais ainsi qu’une femme à genoux,
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Notre présence dans les mêmes eaux nous permettra de nous approcher du navire emblématique, battant à présent pavillon des îles Cook, et d’en admirer les superstructures en souffrance, aux accastillages vieillissants.
Qui voit Groix voit sa joie, parait-il. Puisse cette proximité maritime, sur la route de l’Amitié, à défaut de réunir les hommes, leur permette un instant de vivre quelques instants de poésie.
Tête à tête avec le Cap Sizun
(la suite du voyage dans un prochain billet)









