Derrière toute friche industrielle il y a des âmes errantes, des savoirs et des gestes oubliés, des images perdues, effacées, des souffrances tues, des révoltes étouffées, des vieux papiers jetés, abandonnés, des vitres brisées, des murs souillés par l’ignorance du respect.
En me promenant sur les bords de la Penfeld, contemplant du regard ce plateau des Capucins, à son tour abandonné, mon esprit se met à vagabonder.
Du passé faisons table rase.
Bientôt un joli téléphérique se balancera tel le funambule au dessus de la «mine » aseptisée de ses fibres d’amiantes assassines.
Le lieu sera transformé par la magie de royalties sonnantes et trébuchantes en habitations bourgeoises, salles de spectacles ou autre médiathèque, nouvelle cathédrale d’un monde de plus en plus virtuel.
Esprit chagrin direz vous ?
Je pense à tous ces beaux bateaux, galions Royaux assemblés à coup de traits de Jupiter, vaisseaux de la République, fleurons de technologies quelles que furent leur époque, qui sont sortis du ventre de ces ateliers et que des générations d’ouvriers, aux pas et gestes cadencés par la sirène stridente, ont de leurs mains devenues noueuses, martelés, rivetés, soudés, tournés dans cet enfer de bruit et d’odeurs d’huile de coupe, sanctuaire de la belle ouvrage qu’ils appelaient Le Plateau.
Je pense à ce « Richelieu » construit en moins de 5 années et dont l’acier utilisé pour sa construction bénéficiera de techniques de cémentation expérimentales faisant de son blindage un Cuirassé d’exception capable de résister aux plus puissantes agressions.
(La cémentation étant un procédé de traitement de surface par des moyens thermiques qui permettent de durcir la surface des métaux.)
A peine terminé, telle une bouteille à la mer, ce bateau quittera Brest le 18 juin 1940 pour échapper à l’invasion allemande, emportant avec lui un document, tenu jusqu’à ce jour secret …
Si cette énigme vous inspire et la curiosité vous anime, je vous livre dans un autre blog (www.thefrenchbattleship.wordpress.com) qui lui est spécialement dédié, l’histoire de ce document, journal de bord d’un marin du « Rich » qui n’en finit pas de me faire rêver.
Pour suivre ce récit de guerre dont je publierai chaque semaine
un nouveau fragment de ce « Cahier-Journal » des années 1940-1946
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