Une balade à 80 … (2)

Le Cadre Noir de Saumur

Rien de plus reposant qu’une matinée fraîche et ensoleillée pour une visite de la prestigieuse école d’équitation de Saumur où nous pourrons assister à une séance de travail des cavaliers et de leurs élégantes montures. Dans un manège intérieur nous serons admis à assister aux rituels des entraînements quotidiens, sous la conduite des instructeurs de l’école. Hélas nous ne serons pas autorisés à prendre des photos.

Cependant, en consolation, et tout en respectant la quiétude des animaux autant que le travail des personnels, les écuries et les terrains extérieurs seront autorisés à nos regards photographiques.
L’Ecole Nationale d’Equitation (ENE) est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité depuis 2011. En 1814 Louis XVIII créa, à Saumur, l’Ecole d’Instruction des Troupes à cheval. Cette école de cavalerie se transformera au fil des époques pour devenir au début du XXème siècle, avec l’introduction des compétitions équestres aux jeux olympiques, l’actuel Cadre Noir.  Ce corps de cavaliers d’élites, où se côtoient civils et militaires, est un centre de formation de renommée internationale. Il tient son nom aux tenues de couleurs noires de ses écuyers. Assurément un endroit paisible à visiter si vous passez près de Saumur.

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Une ferme troglodytique
Située près de Saumur, sur l’axe routier Loudun-Angers, le village de la Rochemenier est un site curieux, d’environ 250 salles souterraines réparties sur une quarantaine de fermes.

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Creusées dans une roche calcaire (falun), les habitations, dont les plus anciennes remonteraient au XIIIème siècle, furent encore en activité jusqu’au début du 20ème siècle. Désormais accessibles à la visite depuis les années 1970, c’est avec un circuit d’une vingtaine de salles, dont certaines sont scénarisées, que nous pourrons découvrir la vie paysanne autant qu’appréhender l’histoire géologique des lieux comme en attestent les nombreux fossiles découverts lors des différentes phases d’excavations.
Autres aspects du patrimoine troglodytique, les champignonnières et les caves bien entendu, et tant qu’à être en Val de Loire, une dégustation de Saumur Champigny ne se refusera pas.

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Richelieu
Un nouveau type d’urbanisme à présent. Nous quittons la région de Saumur pour les portes de la Touraine.
Si je m’étais intéressé à Richelieu en faisant quelques recherches sur le fameux Cuirassé éponyme de la seconde guerre mondiale, et pour la simple raison que Richelieu (1585-1642) fut à l’origine de la création de l’Arsenal naval de la ville de Brest, j’avais voulu en savoir un peu plus sur cette ville de Touraine qui porte également son nom.
J’avoue que ma curiosité à découvrir cette ville m’apportera un éclairage nouveau sur le personnage Armand Jean du Plessis, devenu Cardinal et Ministre.
Edifiée entre 1631 et 1642 sous la gouverne de Richelieu, cette ville aux tracés caractéristiques de la « cité idéale », est le parfait exemple d’un urbanisme d’avant-garde pour le XVIIème siècle. Curieuse idée, me direz vous que de se lancer dans un tel projet dans une région particulièrement désertique et dépourvue de tout intérêt stratégique. La réponse est peut-être dans le fait que c’est sur les terres du château familial des « du Plessis » que le Cardinal de Louis XIII eut la faveur du roi pour construire cette cité en remerciement de ses nombreux services. Probablement aussi pour assouvir sa soif de puissance.

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Préfigurant le modèle des cités privatisées contemporaines où la « haute société » fuit la mixité sociale, il est probable qu’à l’époque, les portes d’enceinte de cette « ville nouvelle » ne pouvaient être franchies que par une clientèle triée sur le volet.
Comme en atteste la Grande Rue, artère principale bordée d’hôtels particuliers dont les terrains à bâtir furent réservés à des notables, cette cité concentra dans ses murs tous ceux que la nation dirigeante du pays posséda d’hommes politiques de pouvoirs et d’influences.

Dans le prochain billet, fin de la balade par Nantes,
et un regard plus commémoratif.

 

 

 

Les “Duc d’Albe”

Peu de jeunes générations de Brestois se posent la question de ce que représentent ces deux structures de bétons, abandonnées en rade de Brest au pied de la pointe d’Armorique et qui restent visibles du belvédère de Kerdéniel, en presqu’île de Plougastel.
Il s’agit de coffres d’amarrage … où séjourna un temps le Scharnhorst et le Gneisenau entre autres, cuirassés allemands rivaux guerriers du Richelieu durant la seconde guerre mondiale.

duc-dalbe

Duc d’Albe en rade de Brest – presqu’île de Plougastel

Les “Duc d’Albe”, appellation donnée par les Hollandais aux points d’amarrages de leurs bateaux, par vengeance à l’égard du Duc espagnol, gouverneur tyrannique des Flandres durant la Guerre de Quatre-vingts ans (1568-1648)  – Source Wikipédia

La raison de cet article trouve son prolongement dans le témoignage que laissa mon père dans son cahier de bord, où il relate le sort du Scharnhorst dont la rade de Brest fut quelques temps, port de repli.
Initialement prévus pour accueillir le Bismarck …. qui n’eut jamais le loisir d’y venir, les « Duc d’Albe » restent des vestiges maritimes qui, en ces temps turbulents, doivent faire méditer sur le fait que la Paix n’est jamais une chose acquise.

pont-plougastel

Photo d’archives de Paul Kersaudy (senior) – Pont de Plougastel en 1944

Voir l’article consacré à la Fin du Scharnhorst sur l’autre blog consacré au Richelieu.

Brest (4)- Fin d’un mythe ?

Une page maritime Brestoise, se tourne assurément avec le départ de la Jeanne d’Arc pour son ultime voyage funéraire ainsi que les premiers travaux de restructuration du plateau des Capucins.
Ces deux symboles sonnent-ils  le glas d’un passé industriel riche en inventivités, en rayonnement économique et culturel ?
Cette page maritime est probablement aussi importante pour la ville de Brest que ne furent en leurs temps la disparition du bagne, la déconstruction de la Grande Grue, symboles forts de l’identité locale.

Penfeld-Capucins-Oct-14

Bientôt cet ensemble d’ateliers va se métamorphoser …

Dans une ou deux générations, le plateau des Capucins ne représentera pour les jeunes brestois, qu’un lieu de Culture, une belle médiathèque à laquelle s’ajouteront restaurants, espaces de loisirs et autres temples commerciaux, dévolus à la consommation et à la distraction.
Pourtant, je voudrais, avant que cette page ne soit totalement oubliée, évoquer à travers ces quelques photographies, la mémoire ouvrière de l’arsenal de Brest et les prodigieuses réalisations technologiques qui sortirent de ses ateliers.

J’étais jeune adolescent dans les années 1960, lorsque, élève au Lycée Technique de Brest, je pus visiter avec mon professeur de mécanique ces ateliers impressionnants.
Il y régnait une atmosphère grandiose, loin de celle de l’atelier de mobylettes qui se trouvait alors au pied de l’immeuble que j’habitais, rue de Lyon, au centre ville.
Ici les machines outils étaient d’une taille colossale, dimensions inimaginables pour un public non averti. Il y régnait une atmosphère de labeur, de haute technicité, loin des clichés ironiques que certains, mal informés, me véhiculaient parfois sur “l’ouvrier de l’arsenal”.
Cette visite m’apprenait déjà  que la vie professionnelle technique à laquelle mon avenir était promis, s’annonçait riche et passionnante d’expériences techniques mais aussi fragile car constamment soumise à de sérieuses remises à niveaux. Les techniques de production et la technologie progressent à si grands pas qu’il est nécessaire désormais, pour survivre, de toujours être en capacité d’apprendre et de se former.
Cette visite en sera, à l’évidence, une belle prise de conscience.

Quelques années plus tard, mes études de mécaniques à peine achevées, je devenais acteur de cette vague de bouleversements industriels qui annonçaient déjà à travers l’industrie de la sidérurgie et de ses dérivés. Le chômage et la précarité.  Nous étions dans les années 1970, les  plans sociaux s’appelaient déjà : Sacilor, Peugeot, Berliet, Manufrance, Lip … Hé oui, le chômage n’est pas qu’une invention du XXIè siècle.
Pour Brest il faudra attendre les années 2000 pour que cette vague de restructurations voit se dessiner ses douloureux effets. Les ateliers du plateau des Capucins sont donc à ce titre les derniers témoins brestois de cette permanente mutation industrielle.

Plateau-Capucins

Dernières images d’une riche vie industrielle.

Capucins-atelier

Salles des machines désertées.

Capucins-Atelier-b

Abandon avant l’oubli.

Capucins-reflets

Regard nostalgique, d’un reflet encore poétique.

Engrenages

Engrenage immobile d’une horloge arrêtée, vestige d’une mécanique pourtant si bien huilée.

Four

Bientôt des fours à pizza ou micro-ondes de « fast food », prendront la place de ces montres dont on à peine à imaginer les températures qui étaient nécessaires aux cémentations et autres traitements thermiques les plus sophistiqués.

Tour-25m

Tour avec son banc de 25 mètres.

Sur ce tour à métaux, les plus grandes pièces cylindriques furent usinées, telles des arbres d’hélices et autres rectifications précises.

Geste

Pour le plaisir de voir encore une dernière fois la main de l’homme en action.

Machine-outils

Ici la machine outil s’écrit avec un grand M

Nature
Quand la nature reprend ses droits.
L’immensité des espaces, vides de machines et d’hommes confère au site, laissé en jachère, un goût étrange d’abandon.
Il est loin le regard d’adolescent que je portais sur les mains noueuses et noircies, de ces ouvriers émérites.
Le silence des lieux, cette absence d’odeurs d’huiles de coupe ont quelque chose d’étrange à ceux qui gardent le souvenir de la belle ouvrage.

 

Depart-Jeanne

Ne m’appelez plus « Jeanne d’Arc » »

Les oiseaux se cachent pour mourir, parait-il.
Dans le monde de la construction navale militaire, lorsqu’un navire part à la ferraille, on le débaptise …
Pour son dernier voyage la « Jeanne » deviendra donc la coque Q860.
C’est toujours mieux que de finir sur un bûcher, qu’en pensez-vous ?

A une autre époque, le Richelieu, construit également à l’ Arsenal de Brest, partagea avec la Jeanne d’Arc ce mythe des bâtiments d’exception.
Pour en savoir un peu plus cliquer ici.