Dans la rubrique “Qui voit …”, je vous emmène à présent à Ouessant.
Loin de moi l’intention de tester la véracité du dicton populaire : “Qui voit Ouessant voit son sang”, car chaque fois que je m’y suis rendu, j’en suis toujours revenu entier.
La dimension de Ouessant est incomparable à celle des îles de Molène ou de Sein et s’il faut plusieurs jours pour bien s’imprégner de l’âme Ouessantine et de celle de ses habitants, l’étape d’aujourd’hui sera une simple escale de quelques heures, le temps de revisiter pour la énième fois le musée des Phares et Balises, rituel désormais devenu familier pour moi, conjuguant à la fois le plaisir d’une balade iodée et l’ambiance païenne d’un pèlerinage, sur les traces ancestrales de mes gardiens de phares préférés.
Bien que l’acte photographique ne soit jamais vraiment absent de mes déplacements, ce petit moment hors du temps, courts instants contemplatifs qu’offre la traversée du Fromveur , sera tourné vers les phares mythiques de la mer d’Iroise.
La météo est changeante ce matin. Les températures sont plus fraîches et la traversée du Fromveur, en cette période de grandes marées (coefficients de 116), laisse entrevoir, par le nombre impressionnant de rochers à fleur d’eau, l’extrême dangerosité des lieux .
L’île d’Ouessant, et les Ouessantines, connues sous le nom des « Filles de la Pluie »,
indissociable image d’Epinal d’une île où l’homme serait le grand absent car toujours parti en mer, pour la pêche, la marine nationale mais surtout ici, la marine de commerce. Ses absences pour de longues semaines, de longs mois, ont conduit les femmes à prendre une part prépondérante dans la conduite de la société ouessantine. Passage obligé pour comprendre l’esprit ouessantin, l’écomusée du Niou.
L’esprit des Phares
A la pointe du Pern, située à l’extrême ouest de l’île, la côte livre son ambiance sauvage et mystérieuse. Côte découpée et bâtisses abandonnées, vestiges d’une activité désormais disparue. L’homme aurait-il abandonné son travail de veille ?
L’emblématique phare du Créac’h
Cette photo fut prise le même jour que les précédentes, mais en début d’après midi.
Elle surprend par sa clarté et contraste avec les ambiances brumeuses de la traversée du Fromveur qui eut lieu le matin vers les 10h. C’est cela aussi la magie des paysages de mer, sans cesse changeant. Ici, il faut être patient et saisir le moment propice, c’est la nature qui commande et cela se mérite.
Certes le phare du Creach est le plus puissant, celui de l’ile Vierge le plus haut d’Europe, Keréon le plus, le plus …. Les superlatifs ne manquent jamais pour mettre en valeur le patrimoine. Il n’en demeure pas moins que pour moi le plus familier restera Armen tant il s’inscrit dans une histoire personnelle que j’aimerais partager avec vous à travers ces dernières images.
Tout d’abord celle-ci, réplique de la chambre des gardiens du phare d’Armen qui est exposée au musée des Phares et Balises, sur l’espace du phare du Créac’h.
En regardant ces chaussons, je me prends à imaginer qu’ils datent peut-être des années 20 et auraient appartenu à l’ancêtre alors gardien d’Armen. Mise en scène édulcorée, d’espaces probablement plus austères.
Derrière l’œil magique des lentilles de Fresnel, on dirait le regard d’un hibou, se cache la source lumineuse dont les vapeurs de pétrole et le sifflement strident des gaz enflammés rythmaient jadis le quotidien du guetteur solitaire. L’allumage, instant de tous les dangers, à l’époque où le combustible était le pétrole, restait le moment le plus redouté du gardien de feu.
J’avais agrémenté un précèdent billet sur Tévennec, d’une courte vidéo réalisée à partir de textes produits lors d’un atelier d’écriture à la Maison du Théâtre de Brest en 2013. Alors comme l’occasion se représente d’évoquer Armen, je vous propose un petit retour en arrière. Un jour de 1923 …
Et à bientôt pour un prochain billet …
Superbe comme toujours, Paul, encore, une fois de plus un grand bravoL
Jean-Yves