Quelle belle image, pour un marin, que d’évoquer la découverte d’une “bouteille à la mer”. Elle symbolise à la fois l’espoir, pour celui qui l’a lancée, d’être découverte un jour par un inconnu, et mieux encore, si celle-ci contient un message, que celui-ci soit lu.
Car “une bouteille à ma mer” est riche de symboles. Elle peut exprimer une grande détresse, celle d’un naufragé nourri par l’espoir d’être secouru, ou simplement le désir poétique et secret de ce que la communauté humaine recèle de plus beau dans une rencontre dûe au hasard, la prise en compte d’un vœu.
Le décor est campé. En bout de quai, marquant l’entrée de la plage, un monument discret, souvent fleuri, évoque par ses nombreuses plaques souvenirs, soigneusement disposées sur un mur qui lui fait face, les noms des bateaux et des membres d’équipages qui, au fil du temps ont péri en mer.
Maintes fois questionné par mes petits enfants sur la signification de ce mémorial, je m’étais inspiré d’une histoire vécue pour leur raconter au moment de la disparition du Bugaled-Breizh, dont une plaque commémore aussi le tragique destin, qu’une bouteille à la mer, arrivant à s’échouer sur la plage où ils jouaient, allait apporter enfin la réponse à l’énigmatique question : “Que s’est-il réellement passé ?”
Bien évidemment la présence évoquée du rôle supposé d’un sous-marin, ne devait pas être tout à fait étrangère à ce récit. Cette hypothèse me ramenait alors à mon histoire d’enfance, celle du sous-marin “Souffleur” dont le prédateur avéré était anglais et répondait au nom de “Parthian”.
Mais les deux rencontres successives que je devais faire en ce mois de juin 2019 allaient être surprenantes, à plus d’un titre.
La première est en lien avec le précédent billet. Ce reportage, diffusé sur FR3 le 26 avril 2019 dans le journal du 19/20 concernait le sous-marin “Souffleur”, qui lui aussi, mais dans ce cas c’était une certitude, mettait en cause un sous-marin anglais. Je visualisais alors le reportage avec un grand intérêt, et après avoir échangé, quelques jours plus tard avec l’un de ses auteurs, je m’apercevais, que dans les motivations du documentaire, il y avait quelque chose qui ressemblait à “une bouteille à la mer”.
Si le “souffleur” git toujours par 30m de fond au large des côtes du Liban, l’existence d’un sordide musée dévoilé par le reportage questionne les consciences des descendants de ces marins disparus, et au-delà des intéressés, il questionne simplement la conscience humaine. Faisant abstraction à toute polémique historique ou politique concernant les raisons tragiques de leurs disparitions en 1941, c’est la mémoire de ces marins qui demande simplement à être respectée. Espérons que la sagesse humaine puisse un jour dépasser toute autre considération. Probablement que Michel Serres, disparu hélas trop vite aurait eu sur ce reportage un regard aussi attentif que philosophique.
Mais “une bouteille à la mer” peut en cacher une autre. Décidément la petite plage de St Julien en la commune de Plouhinec du Finistère, allait une fois encore me réserver une sacrée surprise …
( à bientôt, pour la suite)