Des oiseaux pour horizon (2)

Une bien curieuse coïncidence a fait que l’exposition de photos d’oiseaux, proposée par Yvon Kersaudy, se déroulait lors des journées dédiées à la fête de la nature, programmée cette année du 22 au 26 mai.
Les nombreuses personnes venues au vernissage ont pu apprécier la singularité des photographies exposées mais aussi bénéficier d’un moment d’échange avec l’auteur.

De part la qualité de son exposé, sa disponibilité à répondre aux questions, Yvon a su nous transporter dans un univers poétique où l’art de la patience côtoie celui de l’exigence. En effet, il ne suffit pas de posséder l’outil photographique, fut-il d’excellente qualité pour obtenir de tels résultats. Encore faut-il connaître le milieu, savoir l’approcher, le domestiquer, se l’approprier. C’est tout ce savoir-faire, que l’ornithologue averti a su nous expliquer, nous invitant assurément à la réflexion sur ce monde si présent dans notre quotidien et que hélas nous ne prenons plus le temps de regarder.

Assurément l’ornithologie est une science, la photographie n’apportant que ce qui devient alors, le simple plaisir du témoignage. De nos jours hélas, aveuglés par la médiatisation de l’image parfaite et monnayable, des hordes de photographes se livrent à travers la planète à des safaris animaliers dans le seul but de faire la « belle image », avec parfois, comme inavouable finalité, la monnayer. Il y a chez Yvon un regard différent qui ne peut qu’interpeler. « La nature, me disait-il un jour, n’est pas à vendre … »

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De même que l’approche photographique n’est pas qu’une histoire de savoir-faire réservé aux professionnels, la passion permet à l’amateur d’accéder à la connaissance.
De toute évidence Yvon fait partie de ceux  qui recherchent le plaisir du partage et non la recherche du profit.

Par cette exposition, visible jusqu’à la fin du mois de juin 2019, ce n’est pas qu’un ami des oiseaux à qui le Foyer Laïque de St Marc de Brest a donné la parole, mais bien un adepte des beaux chantiers que représente encore de nos jours, l’éducation dite “Populaire”.

A très bientôt, pour une nouvelle rencontre …

Doux noms d’oiseaux … (1)

On parle souvent de “noms d’oiseaux” pour illustrer les débats houleux lorsque les gens s’invectivent. Les périodes électorales sont souvent propices à ces grands écarts de langage surtout quand les sujets politiques s’invitent à notre table.
Pourtant il est des noms d’oiseaux qui sont doux à entendre. Assurément l’homme que je vais vous présenter dans les prochaines pages de ce blog est un poète qui étonne.

Yvon Kersaudy ornithologue-photographe

Il parle aux oiseaux et ceux-ci lui rendent bien la politesse en se laissant photographier pour son plus grand bonheur. Si l’homme est discret, car il en faut de la patience et de la discrétion pour approcher ce monde dans le silence, ses photographies sont la preuve d’une sensibilité poétique autant que d’une maitrise technique éblouissante digne des plus grands photographes animaliers.

Mais ne nous trompons pas, la photo n’est que la face cachée de l’artiste, celle qui éblouie, sans une connaissance ornithologique pour ce milieu si particulier, ce travail serait tout simplement impossible pour un profane.
Car pour réaliser ce genre de photos, il ne suffit pas d’avoir un bel appareil et le plus grand des zooms. Il faut connaitre le monde des oiseaux, le rythme de la nature et tant de domaines insoupçonnés. Nous viendrait-il à l’idée de réduire le travail d’un écrivain à la qualité de son stylo ? Probablement qu’il faut aussi, un petit “autre chose”.

Alors, si vous désirez rencontrer le photographe-ornithologue singulier et échangez avec lui sur ce « petit autre chose », c’est le moment de venir au vernissage de son exposition.

Rencontre avec l’artiste,
lundi 20 mai 2019, à 18h, au Foyer Laïque de St Marc, à Brest.

Dans les pas du Dr Laënnec (3)

Il y a dans toute approche artistique une recherche de graal, une recherche d’émotion, ces sensations fortes qui donnent du sens à la vie. Que l’on soit attiré par la peinture, la littérature, l’écriture, la musique, les arts de la mains, chacun recherche par le geste, la réflexion, voire par la transcendance, ce bonheur simple, intense et inexplicable de faire et de mettre en harmonie son corps et son esprit dans une dynamique qui nous dépasse.

En m’intéressant à Laënnec et à son invention, en étudiant son parcours, je comprenais combien dans une vie active, l’homme passe parfois à côté de ses rêves et combien aussi il est important de ne pas attendre qu’il soit trop tard pour les réaliser. Je reste persuadé qu’il était important pour Laënnec, l’inventeur du stéthoscope, instrument qui a révolutionné le monde médical, de réaliser lui-même, l’objet de ses trouvailles.

Extrait d’un catalogue médical de 1900

Il devenait même urgent qu’il le fasse puisque son invention commençait à être copiée à travers le monde et qu’il devait s’éteindre la même année où fut réalisé ce deuxième modèle de stéthoscope, celui à tenon lisse, dont j’ai précisé dans un précédent billet, qu’il était plus facile à confectionner.

Ce plaisir, il le dut probablement à son ami ébéniste Jean Marie Lubin Villard (1797/1848) dont j’ai découvert, lors d’une exposition de photographies à Douarnenez, qu’il prêta sa main experte à Laënnec pour la réalisation de ses premiers instruments et peut-être aussi lui enseigna-t-il les bons gestes pour qu’à son tour il puisse confectionner lui-même son invention. Jean Marie Lubin Villard a laissé à la ville de Douarnenez une longue descendance de peintres et de photographes illustres, ce qui pourrait faire l’objet de futurs billets. C’est cette belle histoire de fraternité et de transmission entre les hommes de grands savoirs et ces artisans aux mains d’or que je voulais saluer ici au passage. Lorsque l’on parle de bois et d’ébénisterie avec des médecins, surtout lorsque celui-ci est chirurgien et à sa façon un manuel, j’ai souvent lu dans leurs regards, ce désir d’évasion que représente le travail du bois. Peut-être que ce qui réunit l’ébéniste et le médecin c’est simplement la vie, car le bois n’est pas une matière inerte, même mort il reste si étrangement vivant.

L’intelligence de la main se mariant avec celle de l’esprit, je reste convaincu que si Villard réalisa le prototype et les premiers stéthoscopes de Laënnec dès 1818, il initia ce dernier à la réalisation du second modèle de 1826, lui apportant, avant qu’il ne meurt la même année, la reconnaissance suprême, celle de l’amitié par la transmission et le partage. Ce bel acte de collaboration accompli, il accompagnera probablement le brillant médecin vers la paix pour l’éternité.

Il y a aussi dans le voyage intérieur d’une rencontre ce bonheur de pouvoir sortir des sentiers battus et rebattus de la création.
Ma « rencontre » avec Laënnec m’aura donné l’occasion d’une introspection expérimentale et le plaisir de faire autre chose avec mon tour à bois que des toupies pour enfants, des coupes à fruits ou des stylos à offrir.

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En réalisant ces 2 exemplaires du stéthoscopes de Laënnec, cela m’a permis d’explorer d’autres pistes de la création. En m’intéressant à ce médecin j’ai pu aussi faire de belles rencontres qu’il serait trop long à raconter dans ces modestes chroniques mais j’ai également pu ouvrir mon esprit à d’autres projets et écrire de nouvelles histoires …

Si vous vous baladez sur ce chemin de la voie verte qui borde la propriété de Kerlouarnec en Ploaré, où habita Laënnec, votre regard sur les arbres sera probablement différent, vous y croiserez peut-être, comme je l’ai fait, un poète à vélo.
S’il lit cette chronique, c’est certain, il se reconnaîtra.

A bientôt pour de nouvelles rencontres …