Elles s’appelaient Mam Goz

C’étaient de bien belles personnes. Comme ce mot est curieux : “personne”. Il résonne de tant de sens, du plus insignifiant au plus noble. Bien sûr, le nom de Mam Goz, pour qui ne comprend pas le breton, se revêt d’un accent folklorique, d’un sens désuet, voire péjoratif lorsque certaines “précieuses ridicules”, des temps dits modernes, le rattachent au personnage caricatural d’une “Bécassine” naïve et soumise.
Car l’image d’une mam goz, terme breton pour désigner la “grand-mère”, littéralement  “vieille maman” s’apparente pour moi, qui devient chaque jour un peu plus âgé, à celle de cette sagesse qui manque cruellement à beaucoup de nos jeunes dirigeants d’aujourd’hui, imbus de leurs personnes et si pétris de fausses certitudes.

Une image, contre des mots, du tic-tac de l’horloge de la chaumière, cher à Jacques Brel, aux paroles des chansons de Brassens, à la condescendance de jeunes premiers de cordée qui pensent que le nouveau monde vient de débuter avec leur intelligence si artificielle, preuve s’il en est que leur propre réflexion sur le monde se confond avec l’instruction qu’ils ont accumulée au cours de leur courte existence.

Lorsqu’il ne reste que les mots pour décrire la présence éternelle d’une absence, l’image d’une mère attentive, d’une épouse au caractère jeune malgré les affres du temps, l’esprit d’une Mam Goz toujours prête à consoler, à câliner, doit rester présent dans la mémoire de chacun d’entre nous. Car, dans toutes régions de France comme dans celles du monde, la place des anciens est essentielle à l’équilibre de nos sociétés. Femmes du passé, elles incarnent pourtant cette soif d’espérance d’un avenir qu’elles souhaitent meilleur pour leurs progénitures. Alors, comme le rappelait Jean Ferrat dans l’une de ses chansons tirée d’un poème d’Aragon, gageons, qu’encore longtemps, la femme reste l’avenir de l’homme, pour le protéger de ses vanités.
Aujourd’hui, il pleut dans ma vie, mon pays est en feu et mes Mam Goz sont parties.

Râmine, artiste et poète …

La mer est sa cour de récréation. Des côtes du Golfe Persique à celles de Norvège, du Labrador aux écueils de la mer d’Iroise, Râmine, probablement inspiré par les contes des “Mille et une nuits” de son enfance, n’arrête pas de peindre la mer et nous en dévoiler ses secrets.
Peintre onirique inclassable, qui se définit lui-même comme un “chercheur de sens et un confiseur d’histoire”, Râmine m’a entraîné le temps d’un week-end, dans son monde fabuleux et féérique consacré aux phares du monde, au premier plan desquels ceux d’une mer d’Iroise peuplée de ses légendaires gardiens.
Lors de l’évènement’ “Les belles journées de Brest” qui se sont déroulées du 2 octobre au 7 octobre 2018, Râmine a réalisé plusieurs tableaux, dont la mise en vente aux enchères, au profit de la SNSM et des Blouses Roses, allait être le point d’orgue de la généreuse opération.

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Bravant les éléments météorologiques du moment, entre deux averses il fait toujours beau à Brest, l’artiste, fidèle à ses engagements, a terminé ses toiles comme prévu le samedi 6 Octobre, place Wilson, à 16h précises. Le kiosque à musique bien connu des Brestois, symbolisant la lanterne d’un phare, sera transformé pour la circonstance en un  éphémère atelier d’artiste.

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Malgré la pluie et le vent, la générosité du gardien, dans sa traversée solitaire autant que solidaire sera largement récompensée. Toutes ses toiles, exposées aux Capucins en vue de la vente caritative, auront trouvé preneurs.
Un succès à mettre à l’actif d’une belle détermination. Bravo et merci à l’artiste !

Les organisateurs de la manifestation »Les belles journées de Brest », aux Capucins.

Pour en savoir un peu plus sur l’artiste, visitez son site.

Rencontre avec Victor Segalen (4)

Les Journées du Patrimoine 2018 nous ont, une fois encore, donné l’occasion d’évoquer la mémoire de Victor Segalen à travers une déambulation poétique qui conduira un petit public d’initiés entre sa maison natale, évoquée dans le premier article de cette série, et le jardin brestois qui porte désormais le nom du médecin-poète.
Ce petit jardin, situé près de la sous-préfecture Brestoise, borne le célèbre cours Dajot si cher à l’écrivain. Une stèle en sa mémoire fait face à la superbe rade de Brest.
Cette balade, organisée par l’Association des Amis de Victor Segalen arrive à point puisque 2019 se profilant à l’horizon, nous entrons dans l’année commémorative du centenaire de sa tragique disparition.

Menée de main de maitre par deux spécialistes de sa biographie et de son œuvre littéraire, Danielle Déniel et Gilbert Ellouet, le petit groupe de comédiens qui s’étaient déjà produits dans les jardins botaniques de l’hôpital maritime de Brest en septembre 2014 a souhaité s’associer à l’évènement pour interpréter quelques textes emblématiques de son œuvre.

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Ainsi sous un soleil typiquement brestois, furent évoqués “Correspondances” , “Stèles” et “Peintures” avec le très célèbre texte “Le tombeau de Ts’in”. Pas étonnant donc que quelques artistes chinois, résidents ou étudiants à Brest s’étaient joints pour la circonstance à cette évocation poétique.

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On ne saurait cependant terminer cette chronique sans faire un dernier détour en forêt d’Huelgoat sur les lieux où s’acheva son court mais si riche voyage, l’hôtel d’Angleterre et la stèle sur laquelle est inscrit : « Victor Segalen 1878-1919. Né à Brest. Médecin de Marine- Poète-Ecrivain. Décédé ici le 21 mai 1919 ».

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Conseils au bon voyageur
(Extrait de « Stèles »)

Ville au bout de la route et route prolongeant la ville : ne choisis donc pas l’une ou l’autre, mais l’une et l’autre bien alternées.
Montagne encerclant ton regard le rabat et le contient que la plaine ronde libère.
Aime à sauter roches et marches ; mais caresse les dalles où le pied pose bien à plat.
Repose-toi du son dans le silence, et, du silence, daigne revenir au son.
Seul si tu peux, si tu sais être seul, déverse-toi parfois jusqu’à la foule.
Garde bien d’élire un asile.
Ne crois pas à la vertu d’une vertu durable : romps-la de quelque forte épice qui brûle et morde et donne un goût même à la fadeur.
Ainsi, sans arrêt ni faux pas, sans licol et sans étable, sans mérites ni peines, tu parviendras, non point, ami, au marais des joies immortelles,
Mais aux remous pleins d’ivresses du grand fleuve Diversité.

Avec la participation artistique de Yaping Tian, Ji Li, Jean-Paul Goarzin, Jean Marie Philippe et notre très discret ami peintre calligraphe.

Hommage à Victor Segalen