Venise, Murano, Burano (4)

S’il fait frais en ce matin d’octobre, la journée qui s’annonce est prometteuse en belles rencontres photographiques. Direction donc vers notre station favorite de la piazzale Roma. Nous prendrons la ligne 4.2 pour Murano où nous arriverons une heure plus tard.
Le ciel est légèrement couvert, un voile brumeux sur le grand canal augure de bonnes conditions de prises de vues avec une lumière douce, propice à restituer de bonnes ambiances.
Après avoir quitté la station Fondamente Nove, nous laisserons derrière nous Venise pour l’une des plus grandes îles de la lagune: Murano.
Comme un rideau de théâtre qui se lèverait sur une scène, la brume en se dissipant laisse apparaître quelques images fantomatiques. Le mystère de la lumière opère déjà.La circulation maritime sur la lagune est savamment organisée. Les bateaux empruntent des chenaux balisés de poteaux dont on peut mesurer l’usure du temps. Promontoires recherchés par les cormorans et autres oiseaux de bord de mer qui y trouvent refuges pour se prélasser. Ici pas de vache pour regarder les trains, ce sont les oiseaux qui regardent passer les bateaux.
En traversant la lagune nous ferons un arrêt à San Michele. (photo ci-dessous).
Une île particulière puisqu’il s’agit du cimetière de Venise. Le seul cimetière au monde, paraît-il, où les morts accèdent par bateau. Igor Stravinski y serait enterré.

Puis nous arrivons à Murano, île connue dans le monde entier  pour sa verrerie.
Les premiers vitraux de la cathédrale San Marco ont été réalisés par les artisans verriers suivant des procédés industriels jalousement gardés. Bien que la fabrication du verre translucide était connue depuis l’antiquité, l’apparition du verre à vitre est datée de l’époque Romaine. Les vestiges d’ Herculanum et Pompéi en ont laissé le témoignage. L’industrie verrière de Murano remonte au XIIIème siècle. Bien plus tard, ce sera paraît-il à Colbert que l’on doit la galerie des glaces de Versailles, après avoir fait espionner les maîtres verriers Vénitiens pour en rapporter les secrets de fabrication.
Nous arriverons à Murano par la station Colonna et commencerons par nous diriger au Museo del Vitro, passage obligé pour parfaire notre curiosité sur le sujet.

Comme dans toutes les îles, le bateau est omniprésent, y compris pour faire ses emplettes. Les scènes de rue sont parfois surprenantes et insolites.

Après le pique-nique du midi, nous rejoindrons la station du Faro (ligne 12), d’où se fera l’embarcation pour Burano. (Ci-dessous le phare de Murano).
L’industrie verrière n’ayant plus aucun secret pour nous, et le porte-monnaie allégé, nous continuerons notre périple pour l’île voisine de Burano. Après le verre nous allons faire dans la dentelle …

Environ 35 minutes de navigation entre de minuscules îles sur lesquelles des habitations abandonnées m’interrogent sur la fragilité du milieu.
Burano surprend aussi par son atmosphère colorée.

 

Un décor de rêve pour les photographes. Ici les façades des maisons sont peintes de couleurs bariolées. L’ambiance est vraiment différente de celle de Murano, le linge qui sèche aux fenêtres est une indication du climat doux qui doit règner ici.

Si Murano est connue pour sa verrerie, Burano l’est pour sa dentelle. Un passage obligé au musée de la dentelle devrait nous permettre d’en savoir un peu plus.
La finesse de la dentelle de Burano (Photo dr) fut particulièrement appréciée en France sous Louis XIV, à l’époque où les tenues vestimentaires étaient particulièrement chargées de fioritures et motifs extravagants.
Colbert, encore lui, importa le concept en Normandie. Cette transmission de savoir-faire sera à l’origine de l’invention du “point d’Alençon”, faisant de cette dentelle à aiguille un produit de luxe, dont la transmission des gestes et des techniques est toujours d’actualité à l’Atelier national de la ville.

Après cette journée encore bien remplie en découvertes et une dernière déambulation à travers les ruelles, désormais tranquilles en cette fin de journée, il est temps de penser au retour. Demain sera un autre jour …

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Venise, ville chargée d’histoire (3)

Recommandée par tous les guides touristiques et non sans raison, une bonne introduction pour prendre contact avec Venise et son patrimoine architectural est de se laisser glisser en vaporetto sur le Grand Canal, de la piazzale Roma à la piazza S.Marco. Cela permet d’admirer de part et d’autre des rives du canal, des palais transformés en musées, hôtel ou résidences particulières ainsi que les mythiques ponts de Rialto et de l’Accademia.

  Ci-dessus, le Rialto envahi par les touristes.

Quittant l’hôtel vers 9h du matin, cela nous laisse entrevoir une belle deuxième journée de visites d’autant plus que la météo locale annonce pour aujourd’hui et les jours prochains le prolongement de l’été indien.
Mais tout voyage comporte son lot de surprises, aujourd’hui les transports en communs de Venise sont en grève jusqu’à 13h ce qui nous oblige à modifier un peu nos plans. Peu importe, un routard s’adapte toujours. Nous ferons une partie du trajet à pieds en attendant le retour à la normale, nous aurons l’occasion de faire la navigation complète sur le grand canal au retour.

Cette balade à travers le quartier est une occasion de se perdre dans les ruelles et d’observer une Venise paisible loin des quartiers touristiques et mondains.Cependant, on ne risque pas de se perdre car un savant fléchage nous permettra toujours de retrouver notre chemin.

Un constat, Venise est une ville propre, contrairement à Naples que nous avions visité par le passé.

Au passage, une ou deux églises dont les styles, au fil de l’histoire, ont subi les influences byzantines, gothiques et plus ou moins baroques. Que d’or !

Eglise San Rocco

Après une pose pique-nique, nous rejoindrons la station de vaporetto, la grève étant terminée, nous pourrons traverser le grand canal et regagner la place San Marco.
Fini le calme, ici la terre entière semble s’être donnée rendez-vous, ainsi que tous les pigeons de la planète …

Une foule interminable se presse à l’entrée de la basilique aux somptueux décors.Mais les Lions nous attendent au palais des Doges.
Curieuse époque que celle ou la délation sévissait en ces lieux sinistres.
Vestiges de ces pratiques peu catholiques lorsque le vénitien en colère dénonçait son voisin en glissant dans la fente de l’animal féroce le fiel de son courroux.

Ces boîtes à lettres, d’un genre particulier, étaient disposées le long du mur du palais des Doges. De l’autre côté du mur, ces courriers étaient récupérés par la police secrète et les instances judiciaires de l’État. Le dénoncé n’avait plus qu’à soupirer en regagnant sa cellule … d’où le pont des soupirs.

Finement travaillé, le pont des soupirs reste l’attraction la plus prisée des touristes.
Ce lieu inspire tant les « soupirants » du monde qu’il est devenu le décor incontournable pour des séances photos des plus surréalistes …Il commence à présent à se faire tard et la cité éternelle dans son écrin doré nous invite à reprendre le chemin de l’hôtel. Demain sera un autre jour, et de nouvelles découvertes nous attendent, les îles de Murano et de Burano sont au programme ….
(à suivre donc ….)
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Venise, une ville sur pilotis (2)

Cité lacustre par excellence, ici pas de voitures. Les déplacements se font exclusivement à pieds et sur l’eau.
 Venise ne vit que par l’eau et pour l’eau, même si le vin italien reste excellent par ailleurs. Tout transport repose donc sur le bateau, du plus petit comme la barque, le taxi ou le vaporetto pour les transports collectifs ou encore la barge pour les transports de marchandises. Plus surprenant encore, les ambulances et corbillards sont des bateaux ; d’ailleurs le cimetière est une île à part entière. J’aurai aussi occasion de parler de la plus grande des nuisances qui préoccupe Venise : les paquebots.
 

Les bateaux taxis font aussi le bonheur des porteurs de bagages dont les chariots sont astucieusement conçus pour monter les marches des nombreux ponts qui enjambent les canaux.

Généralement réservés à une clientèle huppée, certains bateaux taxis sont de véritables œuvres d’art, des pièces d’ébénisterie à part entière.La Sérénissime est la cité romantique par excellence, que tout amoureux du monde, en voyage de noces, rêve pour destination.Car l’une des images associées à Venise est sans nul doute celle d’une gondole nonchalante glissant sur le grand canal, sur fond de coucher de soleil.

Difficile donc de résister aux sollicitations féminines … le vieux machin, que je suis devenu, risquerait de passer pour un radin. Ni une ni deux, nous voici menés en gondole par un jeune et élégant vénitien à la voix de ténor.
Trente cinq minutes de baratins latins entrecoupés de belcanto à faire pâlir Casanova.
Le marché des balades en gondole est très lucratif, compter 80€ les trente cinq minutes … sans le chant, c’est en supplément. Mais quand on aime on ne compte pas. Ici le métier est parait-il très verrouillé et se pratique de père en fils.
Si la balade semble ravir au plus haut point la gente féminine, en ce qui me concerne je serais plus attiré par l’aspect technique du « navire », formes, ornement et propulsion.

L’élément de décoration principal de la gondole ressemble à un peigne ou chaque dent représente, comme sur le drapeau vénitien, un quartier de la cité : San-Marco, Dorsoduro, Cannaregio, Castello, San Polo et Santa Croce, sur la dent opposée, l’île de la Giudecca.
La forcola, ou dame de nage, dont chaque forme est unique, en fonction de l’usage de la gondole (promenade, compétitions) et de la position du rameur, est avec l’aviron, l’élément clé de la propulsion. C’est aussi une œuvre d’art, généralement réalisée en noyer par un maître ébéniste.
 

 

 

 

 

A chacun donc ses centres d’intérêt. Finalement cette balade m’aura permis, d’avoir quelques points de vues différents sur l’architecture de la cité et en traversant ce labyrinthe de petits canaux, permis de faire quelques photos insolites dans les quartiers de San Polo et de Cannaregio.

 

Notre première journée à Venise se terminera au pied de l’hôtel Sagredo … où, comme vous le constaterez sur la photo suivante, nous serons remis entre de bonnes mains.

Cette photo montre l’œuvre de l’artiste Lorenzo Quinn, intitulée «Soutien».
Elle a été réalisée pour la biennale de Venise 2017 et a été disposée sur la façade de l’hôtel Ca’ Sagredo, situé entre le pont Rialto et le Casino, sur la rive gauche du grand canal. Chaque main pèse 2500kg et mesure 9 mètres de haut. Cette œuvre  est destinée à sensibiliser les esprits sur le réchauffement climatique. Il est vrai que Venise est l’une des ville du monde la plus exposée à la montée du niveau des eaux.

Il est temps à présent de reprendre la route du retour vers l’hôtel et de passer par la case restaurant où paraît-il une pizza nous attend, restons dans les symboles.
Comme introduction à notre voyage on pouvait aujourd’hui difficilement faire beaucoup plus. Partie à 6h du matin de Brest, Loeiza s’endormira ce soir avec ses rêves de gondole, réalisés.

Demain sera un autre jour et la journée promet d’être encore longue, en aventures …
(… à très bientôt pour la suite de nos découvertes)

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