Dans ce type de voyage, où tout est parfaitement organisé, orchestré, les initiatives personnelles sont souvent très réduites. A cela s’ajoute la barrière de la langue, ce qui, à l’évidence, restreint les échanges approfondis avec la population.
Or, ce que personnellement j’apprécie dans un voyage, en dehors de la découverte de lieux majeurs parfaitement nécessaire à la compréhension de l’histoire du pays et de la société visitée, c’est la rencontre avec l’imprévu, celle que l’on n’a pas le temps de préparer et qui laisse la spontanéité s’exprimer.
Parfois la prise de vue photographique se résume à de simples échanges de regards, tantôt complices, tantôt interrogateurs, mystérieux, voire réprobateurs.
C’est le début de la rencontre, point souvent de départ au dialogue, comme ici à Bikaner en marge du marché.
Derrière ces voiles, colorés et lumineux, toujours une intention évidente de grande curiosité réciproque. Un peu plus tard, en voyant cette fillette dans un numéro d’équilibriste , je ne peux m’empêcher de penser au superbe poème de Jacques Prévert « Etranges étrangers », dont voici un extrait :
… Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d’or faits de papier plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd’hui de retour au pays
le visage dans la terre …
La photographie est souvent un bon outil pour entrer en contact, comme ici à Pushkar, silencieux face à face, à travers la vitre du car dans un furtif échange de bons procédés, un « prêté pour un rendu », à moins qu’il ne s’agisse de « l’arroseur arrosé ».
Nos regards seront souvent attirés par des scènes insolites, surréalistes, comme ici, au niveau d’un chantier de terrassement lorsque mon objectif croisera ces deux attitudes qui m’interrogeront. Vers quelle évolution se dirige la société indienne ? D’un coté l’insouciance apparente d’une jeunesse dorée, d’un autre la dure réalité du quotidien féminin.
Il semblerait aussi que la période « lunaire » de notre voyage corresponde à celle des mariages. La relation cérémoniale homme-femme à travers les rites du mariage m’interroge également par le faste des costumes bien sûr, mais aussi par la mise en scène de cérémonies très éloignées de nos pratiques « celtes ». Une fois encore, il me manquera quelques codes pour tout comprendre. Les liens du mariages sont ici matérialisés par un ruban que le marié tient dans sa main droite et qu’il passe par dessus son épaule pour aller se nouer au voile de la mariée. Encore une très grande dépendance.
Toutefois la jeunesse semble en attente d’émancipation …
Les rencontres se font de façon plus imprévue, au contour d’un chemin …
Ou simplement sur l’esplanade d’un site touristique, mais toujours avec complicité …
Parfois même l’exercice tourne au casting …
Et il y en aura pour tous les goûts, pour toutes les couleurs …
(Extrait d’une carte postale qui, semblerait-il, n’est jamais arrivée à son destinataire …)
Mais l’insolite c’est aussi …
Tout ce qui touche à l’animal est culte.
Chez nous, en dehors des périodes estivales, lorsque les cirques et autres ménageries arpentent les chemins de nos campagnes, nous ne sommes jamais confrontés à une circulation animale aussi intense. Arrêt sur image, car ici l’animal est roi.
Prise de têtes sacrées …
Au final c’est toujours lui le Roi.
Paul, merci pour le voyage… Nous attendons la suite impatiemment… A force d’attiser notre curiosité, nous n’allons plus pouvoir nous en passer. Comme le petit prince avec le renard…