Doux noms d’oiseaux … (1)

On parle souvent de “noms d’oiseaux” pour illustrer les débats houleux lorsque les gens s’invectivent. Les périodes électorales sont souvent propices à ces grands écarts de langage surtout quand les sujets politiques s’invitent à notre table.
Pourtant il est des noms d’oiseaux qui sont doux à entendre. Assurément l’homme que je vais vous présenter dans les prochaines pages de ce blog est un poète qui étonne.

Yvon Kersaudy ornithologue-photographe

Il parle aux oiseaux et ceux-ci lui rendent bien la politesse en se laissant photographier pour son plus grand bonheur. Si l’homme est discret, car il en faut de la patience et de la discrétion pour approcher ce monde dans le silence, ses photographies sont la preuve d’une sensibilité poétique autant que d’une maitrise technique éblouissante digne des plus grands photographes animaliers.

Mais ne nous trompons pas, la photo n’est que la face cachée de l’artiste, celle qui éblouie, sans une connaissance ornithologique pour ce milieu si particulier, ce travail serait tout simplement impossible pour un profane.
Car pour réaliser ce genre de photos, il ne suffit pas d’avoir un bel appareil et le plus grand des zooms. Il faut connaitre le monde des oiseaux, le rythme de la nature et tant de domaines insoupçonnés. Nous viendrait-il à l’idée de réduire le travail d’un écrivain à la qualité de son stylo ? Probablement qu’il faut aussi, un petit “autre chose”.

Alors, si vous désirez rencontrer le photographe-ornithologue singulier et échangez avec lui sur ce « petit autre chose », c’est le moment de venir au vernissage de son exposition.

Rencontre avec l’artiste,
lundi 20 mai 2019, à 18h, au Foyer Laïque de St Marc, à Brest.

Dans les pas du Dr Laënnec (3)

Il y a dans toute approche artistique une recherche de graal, une recherche d’émotion, ces sensations fortes qui donnent du sens à la vie. Que l’on soit attiré par la peinture, la littérature, l’écriture, la musique, les arts de la mains, chacun recherche par le geste, la réflexion, voire par la transcendance, ce bonheur simple, intense et inexplicable de faire et de mettre en harmonie son corps et son esprit dans une dynamique qui nous dépasse.

En m’intéressant à Laënnec et à son invention, en étudiant son parcours, je comprenais combien dans une vie active, l’homme passe parfois à côté de ses rêves et combien aussi il est important de ne pas attendre qu’il soit trop tard pour les réaliser. Je reste persuadé qu’il était important pour Laënnec, l’inventeur du stéthoscope, instrument qui a révolutionné le monde médical, de réaliser lui-même, l’objet de ses trouvailles.

Extrait d’un catalogue médical de 1900

Il devenait même urgent qu’il le fasse puisque son invention commençait à être copiée à travers le monde et qu’il devait s’éteindre la même année où fut réalisé ce deuxième modèle de stéthoscope, celui à tenon lisse, dont j’ai précisé dans un précédent billet, qu’il était plus facile à confectionner.

Ce plaisir, il le dut probablement à son ami ébéniste Jean Marie Lubin Villard (1797/1848) dont j’ai découvert, lors d’une exposition de photographies à Douarnenez, qu’il prêta sa main experte à Laënnec pour la réalisation de ses premiers instruments et peut-être aussi lui enseigna-t-il les bons gestes pour qu’à son tour il puisse confectionner lui-même son invention. Jean Marie Lubin Villard a laissé à la ville de Douarnenez une longue descendance de peintres et de photographes illustres, ce qui pourrait faire l’objet de futurs billets. C’est cette belle histoire de fraternité et de transmission entre les hommes de grands savoirs et ces artisans aux mains d’or que je voulais saluer ici au passage. Lorsque l’on parle de bois et d’ébénisterie avec des médecins, surtout lorsque celui-ci est chirurgien et à sa façon un manuel, j’ai souvent lu dans leurs regards, ce désir d’évasion que représente le travail du bois. Peut-être que ce qui réunit l’ébéniste et le médecin c’est simplement la vie, car le bois n’est pas une matière inerte, même mort il reste si étrangement vivant.

L’intelligence de la main se mariant avec celle de l’esprit, je reste convaincu que si Villard réalisa le prototype et les premiers stéthoscopes de Laënnec dès 1818, il initia ce dernier à la réalisation du second modèle de 1826, lui apportant, avant qu’il ne meurt la même année, la reconnaissance suprême, celle de l’amitié par la transmission et le partage. Ce bel acte de collaboration accompli, il accompagnera probablement le brillant médecin vers la paix pour l’éternité.

Il y a aussi dans le voyage intérieur d’une rencontre ce bonheur de pouvoir sortir des sentiers battus et rebattus de la création.
Ma « rencontre » avec Laënnec m’aura donné l’occasion d’une introspection expérimentale et le plaisir de faire autre chose avec mon tour à bois que des toupies pour enfants, des coupes à fruits ou des stylos à offrir.

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En réalisant ces 2 exemplaires du stéthoscopes de Laënnec, cela m’a permis d’explorer d’autres pistes de la création. En m’intéressant à ce médecin j’ai pu aussi faire de belles rencontres qu’il serait trop long à raconter dans ces modestes chroniques mais j’ai également pu ouvrir mon esprit à d’autres projets et écrire de nouvelles histoires …

Si vous vous baladez sur ce chemin de la voie verte qui borde la propriété de Kerlouarnec en Ploaré, où habita Laënnec, votre regard sur les arbres sera probablement différent, vous y croiserez peut-être, comme je l’ai fait, un poète à vélo.
S’il lit cette chronique, c’est certain, il se reconnaîtra.

A bientôt pour de nouvelles rencontres …

Dans les pas du Dr Laënnec (2)

Il ne s’agit pas, avec cette série d’articles, de faire un travail exhaustif sur la vie et les travaux scientifiques du médecin. Pour mémoire, rappelons que le Dr Laënnec était né à Quimper en 1781 et qu’il repose dans le petit cimetière de Ploaré près de Douarnenez, où il avait sa propriété.

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C’est précisément à Douarnenez que, très jeune, s’acheva sa vie en 1826. Il avait 45 ans.

Cette dernière date et ce lieu sont importants à retenir pour comprendre ce qui suit.

Pratiquant le tournage sur bois depuis quelques décennies, je décidais, après de multiples recherches documentaires sur le premier instrument réalisé en 1818, d’en fabriquer un exemplaire à l’identique, dans les conditions techniques proches de celles qu’avait pu connaître son inventeur.
Très vite, en voyant le premier modèle, dont les schémas étaient disponibles dans les publications médicales de Laënnec sur l’auscultation, (voir article précédent), je me suis interrogé sur la véracité de la réalisation du premier instrument par Laënnec lui-même. Non pas que je doutais des capacités d’un médecin à faire du tournage sur bois, ce serait de ma part bien irrévérencieux, mais ma longue pratique sur la chose me rendait perplexe.
En effet, dans la publication qu’il fera en 1819, en présentant son premier stéthoscope, le schéma faisait état d’un modèle à tenon vissé.
Il faut avoir un peu de pratique manuelle sur le tournage pour se rendre compte combien, pour un homme qui n’est pas du métier, il était difficile, à l’époque, de faire un filetage au tour à bois sans être doté d’un matériel extrêmement performant. Ceci ne retirant en rien à l’inventeur les mérites de l’invention, il était logique que je m’interroge sur la question. D’autant plus que, quelques années plus tard, en 1826 devait être présenté un second exemplaire, plus simple à réaliser, car muni d’un tenon lisse, donc non fileté.
Ce modèle n’ayant pas de caractéristiques de performances supplémentaires, je me questionnais : « Pourquoi faire simple lorsque l’on peut faire compliqué ? »

J’émettais alors l’hypothèse que le médecin, dont on ne peut contester qu’il soit à l’origine de l’invention, avait dû se faire aider par un homme de l’art pour réaliser son premier instrument. Toujours par hypothèse, j’imaginais que c’était du côté de Douarnenez qu’il fallait chercher à résoudre la question… Vous suivez toujours ?

(La suite au prochain épisode)