Après plusieurs jours de balades intensives, une immersion dans le vieux Naples s’impose comme une évidence.
Difficile de résumer un séjour à Naples en quelques lignes, quelques images. Ce serait injustement réducteur et tout simplement impossible.
A chacun ses thèmes de prédilection, musées, histoire , arts, gastronomie, religion. Il y en a pour tous les goûts et ce n’est pas le riche passé de la cité gréco-romaine, qui a subi tant d’influences à travers son histoire, qui laissera le visiteur sur sa faim.
Naples, comme toutes les villes chargées d’histoire, demande à être vue de l’intérieur. Alors, guidés par notre instinct et l’envie de flâner, nous partons à sa rencontre en empruntant la via Tribunali qui nous conduira au Musée National d’Architecture, passage obligé de tous visiteurs.
Pièce maîtresse du Musée National d’Archéologie, le « Taureau Farnèse »
côtoie tant d’autres sculptures, aux dimensions impressionnantes …
Le vieux Naples pour se laisser surprendre …
C’est aussi du linge aux fenêtres, pratiquement sur toutes les
façades des habitations …
Des rappels à la dévotion à tous les coins de rue …
de la plus petite crypte ou chapelle, à l’imposant édifice.

Eglise Gesù Nuovo. Ancien palais jusqu’en 1900 ce bâtiment est désormais une église au style baroque.
Mais c’est aussi le bruit, les voitures et scooters qui circulent avec des règles de conduites anarchiques qui n’appartiennent qu’à Naples …
Et les légendaires compositions artistiques d’un « Street Art » au style peu esthétique dont s’inspirent parfois chez nous, aussi hélas, certaines corporations pour exprimer leurs colères …
Mais heureusement le regard se tourne très vite vers des lignes
de fuites plus poétiques.
Enfilades infinies, puits de lumières où ombres et lumières se croisent
pour le plaisir des photographes.
Car ici, tôt ou tard, tout est Art …
Et les marchands du temple sont nombreux …
Un rendez vous poétique avec un facteur de masques.
Naples est aussi la ville qui s’identifie au théâtre, au rang duquel la célèbre Commedia dell’arte et son personnage emblématique de Pulcinella (petit poussin) plus connu sous nos latitudes comme le personnage de Polichinelle.
Bien sûr le quartier ne manque pas de boutiques vendant des masques de toutes sortes en terre cuite, en carton ou en plastique venus d’Asie, rien d’authentique donc, pour cet art créatif dont la fabrique en cuir, aujourd’hui, est devenue denrée rare.
J’avais, par le passé en 2009, rencontré l’un des derniers facteurs de masques dédiés à cet art des planches, mais j’avais décliné l’offre d’achat du masque qu’il se proposait de me confectionner, dissuadé par le coût élevé qu’il m’en demandait. Je ne discutais pas évidemment la justification de son travail car comme toute œuvre manuelle et artistique celle-ci a ce supplément d’âme inestimable.
Je n’étais pas très loin de son atelier et je n’aurais pas beaucoup de peine à le retrouver.
Seul, sur le pas de la porte de son atelier, il semblait n’attendre que ma visite.
Je le reconnu sans peine.
Je ne sais pas si la réciproque fut vraie, car la dernière fois j’avais du lui laisser un arrière goût amer en déclinant son offre de masque, me contentant de ne prendre de son travail que quelques photos souvenirs.
Comme tout atelier d’artiste celui-ci semble un peu désordonné. Des chutes de pièces de cuir semblent se languir sur quelques étagères poussiéreuses. Des gouges sur un coin d’établi attendent l’inspiration du maître. Ci et là des croquis, dessins, esquisses inachevées, des affiches de théâtre aussi décorent les murs, attestant leurs gloires passées.
Plus loin, dans le fond de l’atelier, une presse que je devine ancienne avec ses deux boules en cuirs, tels des poings de boxeurs qui semblent me menacer. Sur l’établi un masque de Polichinelle et son moule de forme, probablement en céramique. Les yeux fermés Polichinelle fait la sieste, attendant d’être réveillé.
Aujourd’hui c’est promis, je sortirais de l’antre avec le trophée et même si je dois me ruiner.
« C’est un peu de mon cœur qui part avec vous », me dira l’artiste.
Quant au prix me direz vous ? Polichinelle cette fois, gardera son secret .
A bientôt pour un autre sujet.