Grèce (3)–Entre poésie et colère

Un peu de légèreté à l’approche du Parlement. Bien gardé comme il se doit, la présence policière et militaire est omniprésente sur la place Syntagma et ses alentours. De Paris à Athènes désormais le décor est le même.
L’anachronisme du spectacle de la relève de la garde apporte cependant une touche poétique au climat ambiant. Rituel immuable depuis des temps reculés devant la stèle du soldat inconnu.
Cette cérémonie se veut être le signe de l’affirmation de la continuité d’un état protecteur à défaut d’être totalement souverain.Soldat inconnuPar chance ce matin nous pourrons assister au spectacle. Un cérémonial qui ne laisse pas indifférents les touristes ébahis et silencieux.Grece Releve GardeGarde  Gardes

Une chorégraphie à faire pâlir les meilleurs danseurs de gavotte de Bretagne ou de tango Argentin. Tenue impeccable et rigueur militaire oblige.
Un réel plaisir à contempler.

Quand Zeus se met en colère …
Zeus en colère

La vie hélas n’est pas toujours un fleuve tranquille, et ce jour ne devait pas être mon jour de chance puisque je devais être victime collatérale de la crise économique que traverse la Grèce.
Un croisant le chemin d’un pickpocket dans le métro je devenais à mon tour un sans papier, battant le pavé d’Athènes.

Cabines téléphonique

Pour toujours rester en contact et les appels au secours.

J’aurais pu me dispenser d’évoquer ma mésaventure dans cette page de ce blog, tant elle est intime et personnelle, mais ce retour d’expérience, comme disent les spécialistes de l’analyse, peut servir à toute personne confrontée au même désagrément lors d’un voyage à l’étranger.
Tout d’abord, garder son calme, ce qui je le conçois n’est pas chose facile.
Ensuite s’adresser le plus rapidement possible à un policier qui certainement vous dirigera vers le commissariat le plus proche. Lorsque l’on ne parle pas le Grec, l’anglais même rudimentaire est appréciable.
Nous avons, de ce point de vue, été aidés par des policiers attentifs qui nous ont dirigés vers un commissariat spécial de « Police touristique« . Là nous avons rencontré un autre policier disponible et aimable, parlant un français impeccable, qui mit à notre disposition un téléphone et un poste internet pour effectuer les premières démarches d’opposition aux moyens de paiement de ma carte bancaire. Ces opérations furent faites en moins de trente minutes après que ne soit constaté le vol, c’était le plus urgent.
Pour le reste je vous passe les détails, remplir le formulaire de déclaration de vol et attendre la saisie du procès verbal, qui comme il se doit sera entièrement rédigé en grec avec une lenteur administrative qui laisse le temps à la méditation.
Un petit conseil cependant, il faut de suite trouver un service Consulaire ou Ambassade qui pourra établir à partir de ce document, écrit en langue étrangère, un procès verbal rédigé cette fois en français. De plus, en cas de perte ou de vol de papiers d’identité, un Consulat ou une Ambassade sont les lieux appropriés pour établir des papiers provisoires, indispensables pour une sortie de territoire.

Message personnel …
Que toutes les personnes qui nous ont aidés soient ici remerciées pour leur courtoisie et disponibilité. En particulier ce vieux monsieur Grec/Américain qui nous a conduit jusqu’au poste de « Police Touristique ».
Si un ami Grec lit ce blog, ce message est pour lui.
Ότι όλοι όσοι μας βοήθησαν εδώ είναι ευχαρίστησε για την ευγένεια και τη διαθεσιμότητά τους. Ειδικά ο ηλικιωμένος κύριος ελληνικά / Αμερικανός που μας οδήγησε στη θέση της « Τουριστική Αστυνομία ».

Après les émotions, le réconfort.
Dans tout voyage à un moment ou à un autre, il est tellement réconfortant de retrouver un petit bout de son chez soi.
Alors, un petit « Paris-Brest« , à Athènes, cela vous tente ?

Les émotions cela creuse …

Mais le voyage n’est pas terminé, alors à très bientôt pour un prochain billet.

Athènes (2)- Cour ou jardin ?

A l’image des théâtres antiques de l’Acropole, Athènes est une immense scène ouverte.
Ici cependant, la Grèce moderne côtoie sans cesse son passé, comme prisonnière de ses décors antiques.
Touristes, migrants et habitants se mélangeant au gré de leurs déplacements dans ce décor théâtral aux accents d’une nouvelle tragédie Grecque.
Beaucoup d’images se présentent à mon insatiable objectif, sans que je ne sois toujours en mesure d’en décrypter le sens. N’ayant personne pour m’expliquer ou me commenter les détails des nombreuses inscriptions qui s’affichent sur les murs, je sens bien que tous ces messages sont autant de cris de désespoir qui n’ont rien à voir avec une quelconque expression poétique de type Street Art. Ces inscriptions, tags et banderoles sont si nombreux qu’il semblerait que tous les murs de la ville en soient recouverts.
Le pouvoir magique des images est parfois maléfique. Mes photos et commentaires ne seront donc ici que le résultat de ma perception du réel, nous sommes en voyage, pas en mission de reportage. Ceci étant dit, il serait indécent de nier la réalité de la souffrance d’une grande partie de la population Grecque qui reste cependant digne dans l’adversité.
Que de contrastes en effet entre le luxe de certains édifices et le délabrement de bâtiments publics ou privés, dont l’entretien semble comme figé quand ce n’est pas totalement abandonné.
  Eglise orthodoxe   Immeuble en cours de restauration
Mais ce qui dérange le plus, c’est ce que l’on ne voit pas, que l’on devine. Cette vie clandestine dans les jardins publics où des toiles de tentes et campements de fortunes abritent les exclus de la terre, exclus économiques autant que réfugiés des pays en guerre et que les Grecs accueillent avec une si grande humanité.Jardin-publicLes conditions de vie imposées aux Grecs rendent leur vie chaotique. Comme le montre la photo suivante. La National Technical University, crée en 1836 est la plus ancienne et prestigieuse institution éducative de Grèce. La colère s’exprime sur les grilles de l’établissement régulièrement fermé pour faits de grèves depuis 2013.Devant la National Technical Univerisity

Image de crise sociale et humanitaire

Image de crise sociale et humanitaire

La crise est évidente à qui ne tourne pas la tête et ne se refuse de la voir. Le luxe relatif de notre hôtel et nos conditions de vie touristique, qui sont loin d’être arrogantes, nous permettent seulement d’être les témoins impuissants de ces immenses disparités.

Terminal Bus

La première image qui s’offrit à nous au terminal du bus de Green Park

National Bank of Greece

Un des bâtiments de la National Bank of Greece, aujourd’hui à l’abandon.

Théâtre sinistré

Théâtre sinistré

Il serait injuste de focaliser nos regards sur ces images négatives, mais il faut reconnaître que nous avons été surpris du nombre important de bâtiments en ruine, abandonnés, non entretenus. Ces images témoignent cependant d’une réalité qu’il est difficile d’occulter, de même que l’omniprésence policière et militaire aux grandes artères d’une ville sans cesse secouée par des mouvements sociaux, grèves à répétitions et manifestations de rue. Le dimanche 22 mai 2016, les métros étaient en grève et une manifestation se déroulait aux abords du Parlement dans lequel siégeait une session extraordinaire pour voter une nouvelle augmentation du taux de TVA.
Dès le lendemain, les Grecs silencieux s’arrêtent devant les kiosques à journaux, certainement préoccupés par leur devenir.

Les journaux et leurs nouvelles, pas toujours rassurantes

Kiosque journaux-1

L’envers du décor
Une fois n’est pas coutume, l’envers du décor peut aussi apporter son lot de bonnes surprises. C’est un peu la face cachée de la capitale.
Le printemps est bien installé et les jardins publics que l’on peut parcourir sans déranger les occupants, offrent une vision de la Grèce plus paisible. Comme ici dans le National Garden aux abords du Parlement.Jardin national

Zappeion

Bâtiment Zappeion

Dans le jardin National, le Zappeion. C‘est dans ce bâtiment construit au milieu du XIXème siècle que furent signés en 1981 les documents d’entrée de la Grèce dans la Communauté Européenne. Cet espace sert actuellement de lieu de congrès et de culture.

Zappeion-Cour

Cour intérieure du bâtiment Zappeion

Olympieion-1

Ce qu’il reste du Temple de Zeus, 15 colonnes …

A quelques encablures du jardin National, la porte d Hadrien et l’Olympiéion temple dédié à Zeus.
Et en remontant vers le parlement, le stade Olympique datant de 1896.

Stade olympique

L’Université, l’Académie et la Bibliothèque Nationale sont regroupées et proches du Parlement.

Université

L’Université …

Université d'Athènes-Fresques

Détail sur les fresques du bâtiment principal de l’Université.

Bibliothèque Nationale

La Bibliothèque Nationale

Détails architecturaux sur les toits de l’Académie et de l’Université.Grece (293)

Pope

 

 

On ne peut évoquer la société Grecque sans parler du poids de la religion et de la présence d’un clergé particulièrement présent, qui ne semble pas très affecté par la crise …
(mais ce n’est peut-être qu’une impression)

Sérénité

Eglise Byzantine Kapnikaréa, datant du 11ème siècle. Près de la place Monastiraki

Mal de tete

 

Bon j’arrête pour aujourd’hui car comme beaucoup de Grecs je commence à avoir mal à la tête et je vous dis….

 

 

 

A très bientôt pour la suite du voyage …

 

Précédent article : Athènes (1)- Escapade grecque

Athènes (1)- Escapade grecque

Quelques jours à Athènes, berceau de la démocratie européenne.
Juste durée pour nous imprégner de l’ambiance actuelle de la capitale Grecque, morose comme dans beaucoup de capitales d’un monde redevenu turbulent, mais aussi porteuse d’optimisme car si trop de calme annonce souvent la tempête, le pire étant toujours à craindre, la pluie finira bien par cesser sur les Grecs et le beau temps à s’imposer de nouveau, ainsi va le rythme du temps.
Contrastée donc aura été notre immersion dans la capitale Hellénique qui, à l’image des civilisations disparues, a su produire tant d’esprits éclairés de sciences et philosophie et dont nous sommes aujourd’hui de bien ingrats héritiers.

Choix binaire s’il en est, au moment d’un vote britannique en faveur d’un Brexit, la nouvelle équation que la Grèce pose au reste de l’Europe vient donc peut-être, une fois encore, des collines de l’Acropole où ces deux photos se sont imposées à mon regard comme le témoignage d’une pensée binaire, hautement philosophique.Entrance  Exit

Trop de lumières rendent les puissants d’aujourd’hui aveugles aux malheurs du monde. Illuminés par la certitude de leurs croyances et leurs ordinateurs endiablés, les nouveaux Aristotes des temps modernes en oublient que le monde a commencé bien avant eux.

Ce voyage à Athènes s’imposait à nous comme un besoin de rouvrir quelques livres d’école pour relire les leçons de l’histoire que nous avions depuis trop longtemps oubliées.
Alors, au lieu de partir en voyage à Las Végas ou au British Museum de Londres, où se trouvent les plus belles pièces d’un Parthénon, jadis généreusement pillé par la perfide Albion, c’est sur les collines de l’Acropole en ruine que les anciens écoliers Gaulois, que nous sommes restés, vont revisiter leurs classiques.

Colline Acropole

L’Acropole, point d’entrée obligé sur la colline d’Athènes surplombant la ville est un vaste chantier où il semble bien que le patrimoine, pour sa conservation, subit lui aussi les affres de la crise financière.
Le nombre d’Or (1,6180) qui servit jadis à la conception architecturale de tant d’édifices prestigieux est aujourd’hui beaucoup plus utilisé dans les algorithmes de calculs bancaires ou financiers.
N’est-ce pas ce même nombre d’Or qui rend au format de notre carte bleue une esthétique si attrayante ?

Parthénon-1

Le Parthénon, partie en cours de restauration

Parthénon façade restaurée

Parthénon façade restaurée

L’argent étant le nerf de la guerre, les travaux traînent, semble-t-il, par absence régulière de financements. Quant au tarifs d’accès au site, ils fluctuent de jour en jour. De 12 €annoncés dans le Guide du Routard, édition 2016, ils sont grimpés à 20€ lors de notre passage en caisse. Par ailleurs, la volatilité des prix est ici un sport auquel il faut s’habituer, les taux de TVA n’arrêtant pas d’augmenter, chacun se débrouille comme il peut comme au temps des premiers échanges commerciaux. Nous en ferons le constat   à plusieurs reprises lors de nos excursions car derrière un bon plan se cache souvent une arnaque.
Petite satisfaction cependant pour les retraités âgés de 65 ans qui bénéficient de quelques réductions, mais pour combien de temps encore ? … Ah! ces vieux !

Athènes vue de l'Acropole

Athènes vue de l’Acropole

Propylées entrée au temple d'Athéna, porte sur le Parthénon

Propylées entrée au temple d’Athéna, porte sur le Parthénon

Temple d'Héphaïstéion au nord-ouest d'Athènes (vue du Parthénon)

Temple d’Héphaïstéion au nord-ouest d’Athènes (vue du Parthénon)

Erechthéion et les Cariatides visibles sur les colonnades de droite

Erechthéion et les Cariatides visibles sur les colonnades de droite

Théatre de Dyonisos

Théâtre de Dyonisos

Odéon d'Hérode Atticus

Odéon d’Hérode Atticus

Ces superbes sites historiques, traversés à pas de course par des millions de touristes venus du monde entier, occultent cependant une autre réalité.
Si les temples antiques peinent à rester parfois debout, à l’image des Grecs qui gardent leur belle dignité, la crise est cependant palpable et nos regards ne peuvent rester indifférents aux nombreux autres vestiges, plus récents ceux-là, aux allures d’Hôtels des sacrifices, imposés par une mondialisation arrogante.

Temple des temps modernes

Temple des temps modernes

A bientôt pour la suite du voyage …